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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/537

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Autre déclaration du même empereur King ti, pour recommander aux peuples l’agriculture aux magistrats la vigilance et le désintéressement.


A quoi bon toutes ces sculptures, et ces autres vains ornements, qui deviennent si fréquents ? Non seulement ils ne sont pas nécessaires ; mais occupant beaucoup d’hommes, ils nuisent à l’agriculture. A quoi bon aussi tant de broderies et d’autres colifichets, qui amusent aujourd’hui les femmes, autrefois bien plus utilement occupées aux étoffes et aux habits d’usage ? Les hommes laissant l’agriculture pour d’autres arts, les campagnes deviennent incultes ; et les femmes laissant pour des bagatelles les étoffes nécessaires, on manque de quoi s’habiller dans les familles. Or que des gens à qui le vivre et le vêtir manquent, ne s’échappent à rien de mal, c’est assurément une chose assez rare. Je laboure la terre moi-même chaque année, et l’impératrice nourrit des vers à soie. C’est du travail de nos mains, que nous fournissons en partie aux cérémonies ordinaires à l’égard de nos ancêtres. Nous nous faisons un devoir d’en user ainsi, pour donner l’exemple à nos sujets, pour les animer à l’agriculture, et procurer abondance dans tout l’empire. C’est dans cette même vue que je refuse les présents, que je supprime les charges moins nécessaires, et que je me retranche sur le reste autant qu’il est possible, pour diminuer à proportion les subsides. Non, je n’ai rien plus à cœur, que de voir fleurir l’agriculture : si une fois elle fleurissait, elle serait suivie de l’abondance, et l’on aurait de quoi faire des réserves pour les temps de stérilité. On ne craindrait plus tant ces famines, pendant lesquelles on voit le plus fort enlever au faible le peu qu’il a, et des troupes de brigands ravir le nécessaire à de pauvres familles. Si l’agriculture fleurissait, on ne verrait plus tant de jeunes gens mourir de misère, ou de mort violente en la fleur de l’âge ; et chacun aurait du moins de quoi couler doucement ses jours jusqu’à une extrême vieillesse. Bien loin que nous en soyons là, voici une année de stérilité bien fâcheuse : qui nous attire cette calamité ? Ne me suis-je point laissé surprendre à l’artifice et à l’hypocrisie, dans la distribution des emplois ? Les magistrats ne sont-ils pas négligents à rendre la justice ? Les officiers des tribunaux, sous prétexte de recueillir mes droits, n’oppriment-ils point les peuples ? Enfin n’y en a-t-il point qui foulent aux pieds les lois les plus essentielles, et qui chargés d’exterminer les voleurs, partagent secrètement leurs rapines ? Nous enjoignons expressément à tous les principaux officiers de nos provinces, de veiller plus que jamais sur chacun de leurs subalternes, et de déférer à nos ministres ceux qu’ils auront trouvés coupables.