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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/577

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autre. Notre empereur malgré les lois, a bien voulu vous le permettre. Peut-on avoir plus de condescendance ? Vous avez ensuite entrepris de dégrader, pour ainsi dire, les tchu heou qui sont sur vos terres : vous avez voulu les obliger à faire la garde en habit de toile à Tching ting sépulture de votre mère[1]. L’empereur ne l’a pas permis : mais aussi c’était comme vous dégrader vous-même, en vous privant mal à propos des hommages de ces heou. En cela il a eu égard à votre propre dignité. C’est une nouvelle obligation que vous lui avez.

La raison demanderait que par votre exactitude à remplir tous vos devoirs, vous vous efforçassiez de répondre aux bontés de notre empereur. Au contraire, et par la liberté de vos discours, et par la licence de vos actions, vous ne cessez de l’offenser, et de vous décrier dans tout l’empire. C’est en vérité l’entendre mal. Tout ce que possède aujourd’hui votre maison, ce que vous possédez vous en particulier, vient originairement de Kao ti votre père. Il essuya longtemps toutes les injures de l’air : il s’exposa souvent aux plus grands dangers dans les batailles et dans les sièges : il s’y vit couvert de blessures. Pourquoi tout cela ? Pour établir sa maison. Au lieu de travailler tout de bon à vous rendre digne d’un tel père ; au lieu de vous acquitter avec soin des tsi et des autres cérémonies pour vous rappeler le souvenir de ses exploits et de ses vertus, vous formez le dessein bizarre de rendre peuple les heou qui sont de votre dépendance. Dégénérer ainsi par votre orgueil et votre cupidité, ce n’est pas être un bon fils. Ne pouvoir maintenir les choses sur le même pied, où votre père les avait mises, c’est montrer peu de capacité et de sagesse. Vous empresser pour faire garder la sépulture de votre mère, et ne pas témoigner un empressement semblable pour celle de votre père ; c’est faire moins de cas de celui-ci que de celle-là, et renverser le bon ordre. Violer, comme vous avez fait plus d’une fois, les ordres de votre empereur ; où est la soumission et obéissance ? Négliger, comme vous faites, ce qu’un cadet doit à son aîné ; où sont les rits ? Faire souffrir à vos plus grands officiers les supplices les plus infâmes ; où est la clémence ? Tandis que vous témoignez le dernier mépris pour des vang et des heou, considérer et honorer un jeune libertin, dont tout le mérite est son épée ; quel discernement ? Enfin négliger toute étude et tout conseil, donner au hasard tête baissée dans tout ce que votre caprice ou votre passion vous suggère ; quelle conduite ! Prenez-y garde, grand prince : le chemin que vous tenez, est un chemin très dangereux ; il pourrait bien vous conduire à votre perte : vous vous dégradez vous-même, pour ainsi dire, de votre dignité de vang.

Au lieu de vous tenir à votre cour pour y recevoir avec majesté les honneurs qui vous sont dûs, vous courez çà et là ; et vous piquant d’égaler Mong puen, vous affectez des bravades ; quelle indécence ! Je vous le répète, toutes vos démarches sont périlleuses ; et si vous ne vous corrigez, j’ose

  1. Il était d'une autre mère que Ven ti.