Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/626

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grands services de Ma, pour le mettre aujourd’hui de pair avec les Yu ? D’ailleurs il en est ordinairement des familles qu’on élève et qu’on enrichit si fort en si peu de temps, comme de certains arbres auxquels on fait porter deux fois l’année : cela ne peut pas durer. Enfin je ne vois que deux raisons qui doivent faire souhaiter à une famille d’être riche et dans l’abondance ; l’une est pour l’honneur des ancêtres, pour être en état de s’acquitter des cérémonies réglées à leur égard ; l’autre pour être à son aise, et vivre commodément. Mes frères ont de vos bienfaits plus qu’il ne faut pour cela : qu’est-il besoin qu’ils aient un domaine ? Je le redis encore une fois, j’y ai bien pensé. Laissez-là vos soupçons et vos inquiétudes. La plus solide marque de piété que je puisse donner à mes ancêtres, c’est d’assurer la fortune de mes frères, en l’empêchant de trop croître. Nous sommes dans des temps fâcheux. Les grains sont à un prix excessif. Les peuples sont dans la misère. Cela m’occupe et m’afflige jour et nuit. Dans de si tristes conjonctures, que je pense à élever mes parents, et que je leur sacrifie ce que je dois à l’empire, moi qui suis sa mère ? Non, qu’on ne m’en parle plus. On connaît mon naturel ; je suis ferme dans mes résolutions : il est inutile de m’irriter par une opiniâtre résistance. Si nous voyons venir des temps plus heureux, où l’abondance et la paix règnent partout ; alors me bornant au soin de mes petits-fils, je ne me mêlerai plus du gouvernement. Mon fils fera ce qu’il lui plaira.


L’empereur Cang hi loue fort les vues, la sagesse et la fermeté de cette princesse. Elle se sentait, dit-il, des belles instructions et des bons exemples de son père. Son attention et son zèle peuvent servir de règle et de miroir aux impératrices dans tous les siècles.


Tchang ti traitant un jour les grands officiers de sa garde dans un de ses appartements du midi, passa par hasard en s’y rendant, par devant une grande salle, où se gardaient les habits et les meubles, qui avaient été à l’usage de l’impératrice Quang lie, épouse de Quang vou, son grand-père. À cette vue il parut touché : il changea tout à coup de visage, puis sur-le-champ il donna ordre qu’on réservât de tout cela un habit de cérémonie propre de chaque saison plus cinquante cassettes d’habits ordinaires. Tout le reste il le distribua aux vang, leur envoyant par un exprès ce