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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/686

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Les[1] premières années du règne de Te tsong étant agitées de divers troubles, et ce prince s’en attribuant la faute dans un entretien avec Lou tché, celui-ci lui dit :


Je suis fort éloigné, grand prince, de blâmer votre modestie. Vous imitez par là nos plus grands princes Yao et Chun. Souffrez cependant que je vous dise que c’est la conduite de vos ministres qui trouble tout. Il indiqua nommément Lou ki. Te tsong prenant modestement la défense de son ministre, que dites-vous là, dit-il, à Lou tché ; vous vous oubliez de votre droiture : vous n’avez pas le courage de m’attribuer les malheurs présents, vous les attribuez à d’autres : mais peut-être ne doivent-ils point s’attribuer aux hommes. De tout temps n’a-t-on pas reconnu que la prospérité et la décadence des empires, est réglée par l’ordre de Tien[2] ? Lou tché se retira sans répliquer : mais au bout de quelques jours il présenta à l’empereur l’écrit suivant.

Après avoir fait une exposition vive des défauts du gouvernement, il conclut ainsi.

Voilà, prince, dans la vérité les causes des troubles et des révoltes. Le mal va plus loin que vous ne vous l’imaginez. Vous seul ignorez, combien il est grand. Pendant que des troupes rebelles s’assemblent et marchent tambour battant, insultent même votre palais en plein jour, il n’y a pas à vos portes la moindre garde qui s’y oppose, pas même une sentinelle qui ose crier, qui va là. Ces officiers, par les yeux desquels vous voyez, par les oreilles desquels vous entendez, où sont-ils ? Effrayés du danger dont ils sont la cause, ils n’ont ni le soin de vous le découvrir tel qu’il est, ni le courage de le repousser au péril de leur propre vie. Oui, je l’ai dit, et je le soutiens, vos ministres sont très coupables : et c’est aussi, j’ose le dire, une faute en vous de rejeter tout sur l’ordre de Tien. Tcheou, l’exemple des méchants princes, en faisait autant. Quand on lui représentait que ses désordres et sa cruauté le perdraient : c’est Tien, répondait-il, qui m’a fait empereur ; de lui dépend ma destinée. Nous trouvons au contraire, que le Chu king fait parler bien différemment un sage prince. Voici ce qu’il lui fait dire.

Tien regarde ce que je fais du même œil que le voient mes peuples. Tien écoute ce que je dis avec les mêmes sentiments que l’entendent mes sujets. Donc ce que voit Tien, et ce qu’il entend, c’est ce qui se passe parmi les

  1. Ceci est antérieur à la déclaration ci-dessus traduite. L’ordre du temps n’est pas rigoureusement suivi dans le livre d’où l’on tire ces pièces.
  2. Ciel.