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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/70

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La nature a pris soin de fortifier la Chine dans tous les autres endroits par où elle pourrait être attaquée. La mer qui environne six provinces, est si basse vers les côtes, qu’il n’y a point de grand vaisseau qui puisse en approcher sans se briser ; et les tempêtes y sont si fréquentes, qu’il n’est point d’armée navale qui puisse s’y tenir en sûreté. Il y a à l’occident des montagnes inaccessibles, qui ne couvrent pas moins la Chine de ce côté-là, qu’elle est couverte des autres côtés par la mer, et par sa vaste muraille.


De la grande Muraille.

Ce fut 215 ans avant la naissance de Jésus-Christ, que ce prodigieux ouvrage fut construit par les ordres du premier empereur de la famille Tsin, afin de renfermer trois grandes provinces, et de les couvrir contre les irruptions des Tartares.

Aussitôt qu’il eut pris ce dessein, il fit venir, de toutes les provinces de son empire, le tiers des hommes capables d’y travailler. Pour en jeter les fondements du côté de la mer, il fit couler à fond plusieurs vaisseaux pleins de fer, et de grands quartiers de pierre, sur lesquels il fit élever l’ouvrage avec tant d’exactitude, qu’il y allait de la vie pour les ouvriers, de laisser entre les assiettes de pierre, la moindre fente où le fer pût entrer.

C’est ce qui a fait durer cet ouvrage jusqu’à maintenant, presque aussi entier que s’il ne venait que d’être construit. Sa longueur est d’environ cinq cents lieues, et sa largeur est telle, que six cavaliers y peuvent marcher de front.

Deux choses font particulièrement admirer cette entreprise : la première, que dans sa vaste étendue de l’orient à l’occident, elle passe en plusieurs endroits par dessus des montagnes très hautes, sur lesquelles elle s’élève peu à peu, étant fortifiée à certaines distances de grosses tours, qui ne sont éloignées les unes des autres, que de deux traits d’arbalète, pour ne point laisser d’endroits hors de défense.

On ne comprend pas, comment on a pu élever cet énorme boulevard, jusqu’à la hauteur où on le voit dans des lieux secs et arides, où l’on a été obligé, de porter de fort loin, et avec des travaux incroyables, l’eau, la brique, le ciment, et tous les matériaux nécessaires, pour la construction d’un pareil ouvrage.

La seconde, est que cette muraille n’est pas continuée sur une même ligne, ainsi qu’on le peut voir dans la carte, mais qu’elle est recourbée en divers endroits, selon la disposition des montagnes, de telle manière qu’au lieu d’un mur, on pourrait dire, qu’il y en a presque trois, qui entourent cette grande partie de la Chine vers le septentrion, où elle regarde la Tartarie.


Des villes de guerre.

Pour ce qui est des villes de guerre, il n’y a que leur situation qui les rend d’un accès difficile, et par où elles paraissent mieux fortifiées que les villes communes. Toute l’invention des ingénieurs chinois pour fortifier les places, se borne à un excellent rempart, à des murailles de brique, à des tours, et à un large fossé, plein d’eau ; et dans le fond cette sorte de fortification suffit, pour les mettre à couvert de toute insulte ; et elle