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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/785

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ou d’une indigne complaisance. Tel est mon devoir ; et voilà le seul ming, que je me pique de connaître. Un bon fils conserve sa vie pour servir son père, c’est son devoir et son ming à cet égard. Un sujet fidèle et zélé expose sa vie pour son prince ; c’est aussi son ming et son devoir. Étendant cela suivant les rencontres et les circonstances différentes, il n’y en a aucune, où l’homme ne trouve le ming qu’il peut connaître, et qu’il doit suivre. C’est ce qui s’appelle, selon nos sages, être vraiment éclairé sur ming ; et c’est en ce sens que parlait Confucius, quand il usait de cette expression. Mitse toan s’adressant un jour à Tse lou[1]. Si votre maître, lui dit-il, voulait bien être mon patron, le roi de Ouei me choisirait pour un de ses premiers ministres. Tse lou ayant fait la proposition à Confucius, il dit pour toute réponse : J’ai un ming, (son sens était) mon devoir, qui est mon ming, ne me permet point d’aider à avancer un flatteur sans mérite et sans vertu. C’était à peu près dans le même sens que le même Confucius, à la mort de Yen tse[2] et de Pen yeou, employa l’expression ming. Il gémissait de ce qu’enlevés dans un âge peu avancé, ils n’avaient pu pratiquer toutes les vertus dont il les connaissait capables. Pour Mong tse, voici sa pensée ; il l’exprime fort nettement. C’est bien mal entendre Ming, dit-il, que de s’aller mettre exprès sous une muraille prête à tomber. Un homme éclairé sur cette matière, ne fait point de ces imprudences. Un scélérat, dit-il ailleurs, a mérité par ses crimes de mourir dans les fers ou dans ses supplices : il y expire en effet. Était-ce son vrai ming ? Point du tout. Penser comme ces grands hommes, c’est vraiment savoir ce que c’est que ming.


Le beau de ce discours, dit l’empereur Cang hi, consiste en ce qu’il est net, facile à entendre, propre à instruire et à redresser ceux que les sectaires ont séduit.


La troisième des années nommées Yuen fou, Chao choue tchi, dans l’exorde d’un long discours qu’il présenta cacheté à l’empereur, dit entr’autres choses.


Quand nos anciens et sages princes jouissaient d’une longue prospérité, et qu’ils ne voyaient rien arriver de fâcheux ou d’effrayant ; alors craignant plus que jamais, ils s’attristaient, et disaient : Hélas ! je vois bien que Tien m’oublie. V. M. à l’imitation de ces princes, vient de publier une ordonnance pleine de sagesse et de bonté, qui fait sentir jusqu’où

  1. Un des disciples de Confucius.
  2. Deux de ses disciples.