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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/817

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Tchin. L’empereur voulait y pénétrer pour l’y surprendre ; mais son armée était trop faible, et ne pouvait tenter cette expédition elle seule. Tsing et Tsin avaient alors des troupes en campagne. L’empereur s’adressa à ces deux princes, pour en avoir du secours. Le prince de Tsing, qui était sans comparaison le plus fort et le plus puissant des deux, au lieu de secourir l’empereur, pensa à profiter de son embarras. Dès que le printemps fût venu, il vint camper au bord du fleuve Jaune, et serra l’empereur de si près, qu’il pensa le prendre. Alors le petit prince de Tsin ne sachant que faire, consulta Kou yen son ministre. Prince, lui dit Kou yen, il vaut mieux soutenir votre empereur, que de vous livrer à un prince qui est tributaire aussi bien que vous. Joignez-vous à l’empereur, outre qu’il est de la justice et de votre honneur d’en user ainsi, il est aussi de votre intérêt. Les empereurs traitent bien ceux qui leur sont soumis ; et quand cette règle ne serait pas infaillible, en cette occasion elle me paraît sûre.

Le prince qui avait jusqu’alors bien vécu avec Tsing, et qui craignait de se brouiller avec lui, avait peine à suivre ce conseil. Il voulut que son ministre l’examinât sur les koua et sur l’herbe chi. Kou yen le fit, et tout s’étant trouvé favorable, Tsin fait avancer son aile gauche, pour joindre l’armée de l’empereur, et avec son aile droite investit Ouen, où était le fugitif Tai chou. Tout cela se fit si promptement, que Tsing n’y pût mettre obstacle. A la quatrième lune, Tai chou fut puni de sa révolte. Le prince de Tsin vint en cour saluer l’empereur. Celui-ci le fit manger à sa table, lui donna les terres de Yang fou, de Ouen yuen, et de San mao, qui augmentèrent son État de la moitié. Cela mit ce prince en crédit, si bien que trois ans après il engagea plusieurs autres princes à venir en cour avec lui rendre à l’empereur leurs hommages. L’empereur lui fit alors présent d’un arc et d’un carquois garni de flèches, et l’honora du titre de . Quand le prince de Tsing eut avis que Tsin aidait l’empereur et que Ouen était investi : voilà, dit-il, un trait de Kou yen : ô l’habile politique ! En effet, ce fut le conseil de ce ministre, lequel fit du territoire de Tsin, qui était très peu de chose, un État considérable.

Yu et Hou étaient deux petits États d’un assez grand royaume : tous petits qu’ils étaient, ils se conservèrent du temps, parce que dans un endroit où se joignaient leurs frontières, il y avait entre eux et Tsin une gorge étroite, qu’il n’était pas aisé de pénétrer ; Hien kong prince de Tsin souhaitant fort d’absorber ces deux États, en raisonnait avec Siun si, son ministre, et lui demandait comment il devait s’y prendre. Prince, répondit Siun si, je n’y vois qu’un seul moyen ; mais je crois qu’il réussira, si vous le prenez. Cette gorge impénétrable qui met à couvert ces deux États, est uniquement sur les terres de Yu. Quand vous aurez pris querelle avec Hou, envoyez vers Yu un ambassadeur pour lui demander passage. Mais il faut, 1° Que l’ambassadeur soit un homme bien choisi, dont les manières soient engageantes. 2° Qu’il aille avec un équipage humble et modeste. 3° Qu’il porte de votre part un beau présent, et surtout cette pierre précieuse, d’une grosseur si extraordinaire, et que vous estimez tant.