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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/140

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de leur exil, et vous avez non seulement rétabli la religion dans sa première liberté, et dans tous ses honneurs ; mais vous l’avez mise en état de faire de jour en jour de plus grands progrès. Car il n’est rien que l’on ne doive attendre de vos soins, et de ceux qui travaillent avec vous pour la religion dans ce pays, aussi bien que d’un prince qui a tant d’esprit et de sagesse, et qui paraît si affectionné à la religion, comme le font voir les édits qu’il a faits par votre conseil contre les hérétiques et les schismatiques, et les témoignages d’amitié, que reçoivent de lui les catholiques portugais.

« Vous n’avez donc qu’à continuer les soins que vous prenez, pour avancer, par les industries de votre zèle et de votre savoir, les avantages de la religion, sur quoi vous devez vous promettre tous les secours du S. Siège et de notre autorité pontificale ; puisque nous n’avons rien tant à cœur, pour nous acquitter de nos devoirs de pasteur universel, que de voir croître et avancer heureusement la foi de Jésus-Christ dans cette illustre partie du monde, qui, quelqu’éloignée qu’elle soit de nous par les vastes espaces de terres et de mers qui nous en séparent, nous est d’ailleurs si proche par la charité de Jésus-Christ qui nous presse de donner nos soins et nos pensées au salut éternel de tant de peuples.

« Cependant nous souhaitons d’heureux succès à vos saints travaux et à ceux de vos compagnons : Et par la tendresse paternelle que nous avons pour vous, et pour tous les fidèles de la Chine, nous vous donnons à tous très affectueusement la bénédiction apostolique, comme un gage de notre affection. Donné à Rome le troisième de décembre, mil six cent quatre-vingt un. »


Ce fut une de ces lettres, où le père Verbiest représentait d’une manière si pathétique les besoins de la Chine, qui toucha Louis XIV de glorieuse mémoire. Ce grand prince, encore plus illustre par son zèle pour la religion, que par une suite de faits héroïques, qui pendant le cours du plus long règne qu’on ait encore vu, ont fait l’étonnement et l’admiration de toute l’Europe ; ce grand prince, dis-je, crut qu’en suivant ses vues pour la perfection des sciences, il pouvait en même temps procurer à la Chine un nombre d’excellents ouvriers, qui y travailleraient selon l’esprit de leur vocation à la conversion des infidèles.

Il donna sur cela ses ordres à un des plus grands ministres qu’ait eu la France, et le plus capable d’exécuter un si beau projet. M. Colbert avait déjà chargé, par ordre du roi, messieurs de l’académie royale des sciences, du soin de réformer la géographie : plusieurs membres de cette illustre académie furent envoyés dans tous les ports de l’océan et de la Méditerranée, en Angleterre, en Dannemark, en Afrique, et aux îles de l’Amérique, pour y faire les observations nécessaires. Il n’était pas aussi aisé de les envoyer aux Indes et à la Chine : des étrangers couraient risque d’y être mal reçus, et de faire inutilement un long et dangereux voyage.

La Chine demandait des missionnaires, et c’est ce qui fit jeter les yeux sur les