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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/23

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bénédictions du Ciel sur son peuple, et qu’il fasse monter les vœux de son peuple jusqu’au Ciel.

Ce culte et ces sacrifices se perpétuèrent durant plusieurs siècles ; et l’histoire chinoise ne laisse point ignorer, avec quel zèle les empereurs de chaque dynastie honoraient le souverain maître de l’univers. Je continuerai de rapporter ici ce que nous en apprennent les livres classiques.

Fo hi, qu’on croit avoir été contemporain de Phaleg, fut un de ces chefs de colonie, qui vint s’établir à cette extrémité de l’orient, et qui est reconnu pour le fondateur de la monarchie chinoise[1]. Il n’eut rien plus à cœur que de donner des marques publiques de son respect religieux pour le premier Être. Il nourrissait dans un parc domestique six sortes d’animaux, pour servir de victimes dans les sacrifices, qu’il offrait solennellement deux fois l’année, aux deux solstices. Alors les tribunaux vaquaient, et les boutiques étaient fermées : il n’était pas même permis d’entreprendre ces jours-là aucun voyage. On ne devait songer qu’à s’unir en esprit au prince, pour honorer le Chang ti. Le livre intitulé Li ki, appelle ces deux solennités, les fêtes de la reconnaissance envers le Tien.

Chin nong, qui succéda à Fo hi, enchérit sur sa piété : il ne se contenta pas des sacrifices des deux solstices ; il en institua deux autres aux équinoxes. L’un à l’équinoxe du printemps, pour intéresser le Chang ti en faveur de la culture des terres : l’autre à l’équinoxe de l’automne après la récolte des fruits, dont il faisait recueillir la dîme, et en offrait les prémices au Chang ti. Et comme Fo hi avait nourri six sortes d’animaux aux usages des sacrifices, Chin nong, par une pieuse émulation, voulut cultiver de ses propres mains le champ, d’où l’on tirait le blé et les fruits pour ces mêmes sacrifices.

Hoang ti, qui monta sur le trône après la mort de Chin nong, fit encore paraître plus de zèle que son prédécesseur. Dans la crainte que le mauvais temps n’empêchât de faire les sacrifices ordinaires à l’air et sur un gazon champêtre, comme c’était la coutume, il fit bâtir un grand édifice, afin qu’on pût y offrir à couvert les sacrifices dans toutes les saisons, et instruire le peuple de ses principaux devoirs.

L’impératrice Loui tsou, femme de Hoang ti, se chargea de nourrir des vers à soie, et de travailler les étoffes propres aux ornements qui convenaient dans ces solennités. Hors de la porte du Sud était un vaste enclos de terres labourables, où se recueillaient le blé, le riz, et les autres fruits destinés aux sacrifices, et hors de la porte du Nord on trouvait un autre grand enclos rempli de mûriers, où l’on nourrissait quantité de vers à soie. Au jour que l’empereur allait labourer son champ avec ses principaux courtisans, la princesse allait à son bocage de mûriers avec les

  1. Les Chinois mêmes n’ont rien de fort certain sur le temps auquel vivait ce Prince. L’Histoire Canonique commence par l’empereur Yao.