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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/244

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cultivent eux-mêmes, et c’est le grand nombre, ou du moins président à leur culture : ils n’épargnent ni leurs fatigues, ni leurs soins. Dans les pays chauds, on afferme ses terres, on vit tranquillement des revenus qu’elles produisent, on entretient les enfants dans une si grande oisiveté, qu’ils ne connaissent pas même une charrue, et qu’ils savent à peine distinguer les cinq sortes de grains nécessaires à la vie. Dans le nord les femmes et les filles ne font nulle dépense pour le fard, dont elles n’usent presque jamais : leurs vêtements sont d’une toile honnête : leurs ornements de tête sont très modestes. Il n’en est pas de même dans les pays du midi, le sexe, pour se parer, veut de l’or, des perles, des aiguilles de tête chargées de pierreries. Qu’il y ait dans une maison femmes, filles, belles-filles, et belles-sœurs ; quelles dépenses pour ce seul article ! Si dans les pays du nord on donne un festin, on ne sert que du cochon, du mouton, des poules, des canards, des légumes, des fruits propres du lieu : encore ces festins ne se donnent-ils que rarement, et dans des cas extraordinaires : au lieu que dans les provinces méridionales, on régale à tout moment ses amis, et dans ces sortes de festins la maison retentit de la musique et du son des instruments ; on étale aux yeux des conviés cent sortes de meubles précieux ; on sert des fruits des quatre saisons, et des mets de toutes les provinces. C’est donc le luxe, et non pas le climat, qui rend les provinces du midi inférieures aux provinces du nord.

C’est par l’étude qu’un père s’est élevé, et qu’il a enrichi et anobli sa famille ; ses enfants et ses petits-fils ne songent qu’à jouir de leur fortune, et laissent là l’étude, et vivent dans une lâche oisiveté. C’est par l’application et l’économie, qu’un autre a amassé de grands biens, le fils ne sait que les dissiper : et voilà ce qui ruine les plus grandes maisons.

Quand on se trouve dans l’indigence, on devient économe, afin de pouvoir parvenir à une meilleure fortune : quand on y est parvenu, que n’a-t-on recours à cette même économie pour s’y maintenir ?





De quelle manière il faut se comporter avec des gens de différents caractères.


Quand il s’agit de soi-même, si l’on ne découvre point de défauts dans sa conduite, il faut s’examiner avec plus d’attention, et se bien persuader qu’il y en a sans doute qui nous échappent : c’est là le moyen de croître non seulement en vertu, mais encore d’éviter beaucoup de fautes. Quand il s’agit des autres, si leurs défauts sont visibles, il faut faire beaucoup plus d’attention aux bonnes qualités qu’ils ont : c’est là non seulement une marque d’un cœur bien fait ; mais c’est encore un moyen sûr de prévenir les inimitiés.