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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/351

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autre : le moyen de la parer ? Quelqu’un emprunte l’épée d’un homme, et l’en perce aussitôt qu’il est désarmé ; c’est une chose aussi facile qu’elle est criminelle. Cependant celui qui en use ainsi, s’en applaudit comme d’un beau coup, et se sait bon gré de cette maligne adresse qu’il appelle habileté. Mais je lui réponds que sa prétendue habileté ne peut parer à celle du Tsao voë[1]. J’ai décoché une flèche contre quelqu’un en cachette, et dans le secret, afin qu’il ne pût l’éviter : le Tsao voë m’en décochera une, qui, pour être tirée en plein jour, et à la vue de tout le monde, n’en sera pas moins inévitable. J’ai eu l’adresse et la malice d’emprunter l’épée d’un autre pour l’en percer sans peine et sans danger : le Tsao voë me le revaudra, en me perçant de la sienne propre, avec encore bien plus de facilité et sans effort. C’est ainsi que la malice des méchants, qu’ils appellent industrie, et savoir faire, retombe à la fin sur eux.

Le Tsao voë punit quelquefois les méchants aussitôt après leur crime, et par le même endroit qu’ils ont péché. Mais cela n’arrive pas toujours. Il n’est pas rare qu’il les punisse par des peines d’un autre genre, et qu’il diffère à les punir : il est arrivé plus d’une fois, que ces méchants, longtemps après leur premier crime, venant à en commettre quelqu’autre, quoique moins grand que le premier, ont vu fondre sur eux les derniers malheurs. C’est que le Ciel équitable et éclairé, ne se trompe point dans ses comptes, et que rien ne peut lui échapper.

  1. Auteur de tous les êtres.