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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/455

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SCENE II.


TCHAO SO, LA PRINCESSE sa femme.


TCHAO SO.


Je suis Tchao so ; j’ai un tel mandarinat. Qui eût pensé que Tou ngan cou, poussé par la jalousie, qui divise toujours les mandarins d’armes et les mandarins de lettres, tromperait le roi, et le porterait à faire mourir toute notre maison au nombre de trois cents personnes. Princesse, écoutez les dernières paroles de votre époux ; je sais que vous êtes enceinte, si vous mettez au monde une fille, je n’ai rien à vous dire ; mais si c’est un garçon, je lui donne un nom avant sa naissance, et je veux qu’il s’appelle l’Orphelin de Tchao, élevez-le avec soin, pour qu’il venge un jour ses parents.


LA PRINCESSE.


Ah ! vous m’accablez de douleur.


UN ENVOYÉ du roi entre, et dit,


J’apporte de la part du roi une corde, du poison, un poignard, et j’ai ordre de remettre ces présents à son gendre, il peut choisir de ces trois choses celle qu’il voudra, et après sa mort je dois enfermer la princesse sa femme, et faire une prison de son palais. L’ordre porte qu’il ne faut pas différer d’un moment ; me voici arrivé. (En apercevant le prince, il lui dit :) Tchao so, à genoux, écoutez l’ordre du roi. (Il lit :) Parce que votre maison est criminelle de lèse-majesté, on a fait exécuter tous ceux qui la composaient ; il ne reste plus que vous ; mais faisant réflexion que vous êtes mon gendre, je ne veux pas vous faire mourir en public ; voilà trois présents que je vous envoie : choisissez-en un. (L’envoyé continue, et dit :) L’ordre porte de plus, qu’on tienne votre femme enfermée dans ce palais, on lui défend d’en sortir, et l’on veut que le nom de Tchao soit entièrement éteint. L’ordre du roi ne se diffère point : Tchao so, obéissez, ôtez-vous promptement la vie.


TCHAO SO.


Ah ! princesse, que faire dans ce malheur ? (Il chante en déplorant son sort.)


LA PRINCESSE.


Ô Ciel ! prenez pitié de nous, on a fait massacrer toute notre maison ; ces infortunés sont demeurés sans sépulture.