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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/469

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KONG LUN.


Que me dites-vous ? Un homme de soixante-dix ans, comme moi, doit s’attendre à mourir bientôt, différer un jour ou deux à partir, ce n’est pas la peine. Il chante.


TCHING YNG.


Seigneur, c’est vous qui avez engagé l’affaire, n’allez pas vous en dédire, tenez bien votre parole.


KONG LUN.


De quoi servent des paroles sur lesquelles on ne peut compter ?


TCHING YNG.


Si vous sauvez l’orphelin, vous obtiendrez une gloire immortelle. (Kong lun chante.) Mais, seigneur, il y a encore un point ; si Tou ngan cou vous fait arrêter, le moyen que vous souteniez les interrogatoires, et que vous enduriez les tortures ; vous me nommerez, nous sommes sûrs d’être mis à mort, mon fils et moi : j’ai seulement regret de voir que l’héritier de Tchao n’en meurt pas moins, et que c’est moi qui vous ai mêlé dans cette méchante affaire.


KONG LUN.


Je sais que ces deux maisons sont irréconciliables. Quand Tou ngan cou m’aura fait saisir, il me dira mille injures ; vieux coquin, vieux scélérat, quand tu as su mes ordres, tu as caché mon ennemi exprès pour me tenir tête. Tching yng ne craignez rien, quoi qu’il arrive, je ne me dédirai jamais ; allez-vous-en prendre soin de l’Orphelin : pour un vieillard comme moi, qu’il meure, c’est peu de chose. Il chante pour s’exciter, et s'en va.


TCHING YNG.


Les choses étant en cet état, il n’y a pas de temps à perdre, allons vite prendre mon fils, et le mettons dans ce village : c’est avec joie que je mets mon fils à la place de l’orphelin ; c’est de mon côté une espèce de justice, mais c’est une perte que celle du généreux Kong lun.