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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/478

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QUATRIÈME PARTIE.


SCÈNE PREMIÈRE.


TOU NGAN COU.


Il y a environ vingt ans que je fis mourir de ma propre main l’orphelin de Tchao, et que j’adoptai le fils de Tching yng ; je l’ai fait nommer Tou tching, je lui ai fait faire tous les exercices, je lui ai appris les dix-huit manières de se battre, et il sait si bien son métier, qu’il ne cède qu’à moi seul ; il se fait grand, dans peu je songe à me défaire du roi, et à monter sur son trône, pour lors je donnerai à mon fils la grande charge que je remplis, et tous mes vœux seront enfin accomplis. Il est maintenant à s’exercer dans le camp ; quand il fera de retour, nous en délibérerons.


SCÈNE II.


TCHING YNG, avec un rouleau à la main.


Le temps passe bien vite : il y a vingt ans que Tou ngan cou adopta celui qu’il croyait être mon fils ; il en a pris un soin extrême. Le jeune homme a répondu parfaitement à ses soins ; le vieillard l’aime à la folie ; mais il y a un point très important que mon prétendu fils ignore encore. Me voici dans ma soixante-cinquième année ; si j’allais mourir, qui pourrait lui révéler ce secret ? C’est la seule chose qui m’inquiète. J’ai peint toute cette histoire dans ce rouleau de papier ; si mon fils (soi disant) m’en demande l’explication, je la lui donnerai d’un bout à l’autre : je suis sûr que dès qu’il saura ce qu’il est, il vengera la mort de son père et de sa mère. Je m’en vais tout triste dans ma bibliothèque, et j’attendrai là qu’il vienne me voir.