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L’EUROPE ET TOMBOUCTOU

de Mungo-Park. Largement pourvu de marchandises il montra une grande générosité qui n’a pas manqué de se graver dans les mémoires. Les indigènes ne le connaissent naturellement pas sous son nom véritable qu’il leur eût été difficile de retenir et qui ne leur disait rien. Comme à tous les premiers Européens qui s’aventurèrent dans ces régions ils lui ont donné un sobriquet pittoresque et l’appellent Boncibatigui, « l’homme à la grande barbe » (littéralement : batiqui, propriétaire, bonci, barbe, ba, grande).

On m’en parla d’abord à Samba-Marcalla entre Niamina et Ségou. C’est une ravissante petite ville, bâtie sous de grands et beaux arbres, sur la rive gauche du fleuve. Très bien reçu, le voyageur y avait séjourné quelque temps, séduit sans doute par l’ombre bleue dans laquelle s’écoule la douce vie des habitants, En souvenir de leur hospitalité, il fit don à la mosquée d’une potiche destinée à couronner le sommet du petit minaret. Cet ornement s’y voyait encore en 1888. Nos canonnières ayant un Jour jeté l’ancre devant Samba-Marcalla, leurs commandants, MM. Hourst et Davout, obtinrent des habitants cette relique en échange d’un autre vase. La potiche fut ensuite rapportée en France et remise au Ministère des Colonies.

Ayant appris d’autre part qu’un des compagnons de l’homme à la grande barbe était mort de la fièvre à Samba-Marcalla, nos officiers se firent indiquer la tombe de l’Anglais, située sur le bord du fleuve en aval de la ville. L’indication ayant été reconnue exacte, les mécaniciens des canonnières forgèrent une croix en fer qui honore aujourd’hui la sépulture de l’inconnu. Elle porte l’inscription suivante :

À LA MÉMOIRE
D’UN DES COMPAGNONS DE MUNGO-PARK
ENTERRÉ ICI
LA FLOTTILLE DU NIGER (NOVEMBRE 1888)