frères, de chefs touaregs, foulbés, bérabichs et autres gens du Désert, étrangers également. Ainsi s’explique qu’il n’ait pu se procurer aucun des ouvrages de la littérature tombouctienne ; qu’il n’ait pas appris le nom du véritable auteur du Tarik, dans une ville où chacun le connaît : qu’il n’ait pas trouvé un exemplaire de ce précieux livre dans une ville où ils sont nombreux, où chacun en a lu ou entendu quelque fragment. Il est forcé de se contenter des extraits hâtivement copiés sur un exemplaire trouvé à Gando, et il en compose un chapitre historique, le seul nouveau de son œuvre. Il y mêle confusément l’histoire des Songhoïs et celle de Tombouctou, si bien que de l’amusante et pittoresque chronique soudanaise, il fait une chose plate et ennuyeuse. N’est-on pas en droit de demander mieux à un savant patenté, si exigeant pour ceux qui ont puisé leur instruction à l’école primaire ?
On sait que l’habitation du cheik El Backay n’est plus aujourd’hui qu’un monceau de ruines. La maison voisine où il offrit l’hospitalité à Barth est au contraire restée telle que l’a décrite l’explorateur, et il est à souhaiter qu’on la conserve avec non moins de soins que celle de Caillié. Tombouctou n’a pas abondance de souvenirs européens et, toutes choses étant remises à leur place, il n’y a véritablement pas lieu de garder rigueur à la mémoire de Barth. Son caractère hargneux et son infatuation lui causèrent de son vivant des désagréments suffisants. Les Européens se souviendront avec reconnaissance à Tombouctou qu’il fut le premier à tracer le cours du Niger oriental jusqu’à Say et qu’il a défriché de vastes champs à la géographie autour du lac Tchad.
J’ai retrouvé d’autres traces du passage de Barth, sur son rôle d’ambassadeur notamment. À son retour en Europe il avait exposé au gouvernement anglais un plan de pénétration