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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/427

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LA CONQUÊTE FRANÇAISE

Le campement a la forme d’un carré à peu près. Les hommes de la cinquième compagnie occupent le côté nord. Tous se couchent roulés dans leurs couvertures, les faisceaux formés près d’eux. Les hommes de la onzième compagnie sont sur le côté sud. Sur les deux autres faces sont parqués les troupeaux capturés.

Les prisonniers sont installés au milieu du camp. Tout l’état-major est formé en un groupe dans le centre du carré, vers le côté est, où se trouve le poste du colonel.

Jusqu’à minuit environ, les officiers de l’état-major veillent, ils passent joyeusement la soirée et longtemps on les entend rire et plaisanter. Tous enfin s’endorment. La nuit étant très fraîche, de petits feux sont allumés dans le camp et continuent à se consumer lentement. La nuit est splendide et la lune illumine tout de sa clarté jusque vers 4 heures environ, alors elle disparaît…, et l’heure est favorable à l’ennemi pour le coup de main qu’il prépare.

Il est 4 heures et demie du matin. Seules les sentinelles veillent. Il y en a six. Le colonel a lui-même donné l’ordre de les placer à petite distance du camp. Tout à coup, au milieu du silence et de l’obscurité, deux coups de feu retentissent et le cri : « Aux armes ! » est répété partout. Tous, aussitôt sont debout et se précipitent pour se mettre en défense. Hélas ! il est trop tard.

Les Touaregs, dont quelques-uns, la veille au soir, rôdaient autour du campement, se sont rassemblés en nombre et approchés pendant la nuit. Leurs cavaliers, accompagnés et suivis de piétons au pas de course, se sont précipités sur le camp français, favorisés par les ténèbres, dans une charge enragée et irrésistible. En un clin d’œil, ils renversent les faisceaux et font irruption de tous côtés dans le camp, où l’on n’a pas eu le temps de se mettre en garde.

La nuit est encore complète et la scène effroyable qui s’ensuit ne peut se dépeindre. C’est une trombe furieuse, un