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Page:Duboscq - Présence de l'Asie.djvu/32

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térisent par une recrudescence d’intérêt pour l’humanisme. On dirait qu’en même temps que des hommes s’entretuent et se ruinent systématiquement les uns les autres pour un long temps, d’autres sont poussés davantage vers l’étude des penseurs, des moralistes, de ceux enfin qui ont consacré leur vie à rechercher dans le passé le témoignage d’une humanité studieuse et sensée qui absolve l’humanité présente. L’humanisme, cette plante incomparablement belle qu’ont cultivée des Erasme, des Guillaume Budé, des Thomas Morus, des Vives, refleurit chaque fois que les hommes semblent l’avoir pour toujours coupée et jetée au feu. Entre gens de pays ennemis, l’humanisme trame sans bruit un lien tout neuf qui, un jour, servira peut-être à rapprocher leurs points de vue sur des sujets très différents de ceux dont ils font leurs préoccupations habituelles.

Mais l’humanisme est réservé aux maîtres et à leurs disciples. En outre, il n’est pas un sentiment. Le cœur peut n’y avoir aucune part. L’humanisme est avant tout une application et une maîtrise de l’esprit. Il n’embrasse de l’humanité que l’intellectualité, la culture ; il manque à cet égard de la générosité qui gonfle le sentiment. Il est froid et ne saurait par conséquent réchauffer les cœurs.

Ainsi l’humanisme n’est pas malgré tout ce que nous recherchons pour servir de lien entre les hommes. Sera-ce alors cette conception humanitaire, incontestablement digne et méritoire qui suscite dans la guerre plus encore que dans la paix