Page:Duboscq - Présence de l'Asie.djvu/34

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haut : la Croisade qui, indirectement seulement, se rattachait à la politique. La réalisation de l’idée de chrétienté était du problème qu’il ne fallait pas songer à résoudre par acte d’autorité, par la logique rationnelle comme d’ailleurs aucun des problèmes que posent des idées dérivées d’influences affectives. Il y fallait l’intervention du sentiment. La solution devait en être cherchée dans une interprétation, dans la traduction de l’idée en sentiment, en mouvement du cœur ; de cette manière, elle devenait principe actif.

Principe actif au premier chef, le christianisme dépouillé de tout nationalisme, mais respectueux des intérêts de chaque État, s’adaptant à tous les régimes politiques, le christianisme traduit pratiquement par son enseignement de la liberté et de l’égalité fondées sur la charité et la justice, l’idée de communauté d’États et les aspirations humanitaires qu’elle suscite.

C’est pourquoi nous ne craignons pas de dire qu’à notre époque autant que par le passé, un sentiment, réalité invisible, peut constituer un lien spirituel entre les races comme entre les nations.

Nous répondons ainsi à la question que nous posions plus haut sur l’attitude morale que devait avoir l’Europe en présence de l’Asie. On pouvait se demander si elle serait défensive, agressive ou indifférente. Elle sera simplement chrétienne.