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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/135

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AUX GLACES POLAIRES

Les ressources, énumérées plus haut, ont permis l’établissement des missions, il est vrai ; elles ont pourvu aux voyages de chaque année ; elles fournissent les vêtements et l’outillage nécessaire ; elles assurent l’acquisition et le transport des articles d’échange qui doivent payer les services des engagés ; elles procurent même une réserve de farine et de conserves alimentaires dont vivraient, durant quelques jours, les missionnaires et leurs pauvres. Mais point davantage. La réelle bienfaisance de la charité, mère de ces ressources, aura été de rendre possible, et de moins en moins pénible, le travail assidu des mains nourricières, le travail de tous.

Or, ce travail ne peut être confié aux Indiens, trop souvent paresseux et exigeants, si ce n’est au second plan, sous une direction vigilante. Le prêtre, d’autre part, ne saurait, sans sacrifier l’essentiel de son saint ministère, assumer les soins de cette direction et de cette surveillance. À plus forte raison, ne pourrait-il accomplir le principal de l’ouvrage, dont l’Indien est incapable.

Ici paraît le frère convers.

Fidèle à la vocation sublime que Dieu lui a donnée, il arrive avec sa bonne volonté, avec ses bras, avec son esprit d’apostolat. Religieux et missionnaire comme le prêtre, il ne lui manque que l’instruction achevée et le caractère sacerdotal.

À lui la tâche et l’honneur de loger et de nourrir les serviteurs de Dieu.

Son chantier est immense comme le vicariat auquel il appartient. Il aura à cultiver le maigre jardin, à arracher à la forêt les bois de construction et de chauffage, à amasser le foin nécessaire à quelques animaux que l’on élève dans les missions les moins glaciales, à aller chercher les dépouilles des fauves tués par les chasseurs sauvages, à entretenir les équipages des traîneaux, etc.

Mais le grand travail du frère convers sera la pêche.


Le poisson constitue, en effet, le fond de l’alimentation du Nord. S’il était constamment assuré, les habitants de ces tristes régions s’estimeraient tout à fait heureux. C’est que le poisson du versant de l’océan Glacial Arctique est