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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/184

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BERCEAU D’ÉVÊQUES

la succession de Mgr Faraud. Mgr Faraud, gratifié lui-même d’une mémoire « qui n’oubliait jamais », ne croyant pas sa fin prochaine, s’était borné à léguer ses ressources à son vicariat et à nommer Mgr Taché l’exécuteur de ses volontés. Il avait remis à plus tard le soin, inutile pour lui-même, de rédiger une liste indiquant le lieu et l’emploi des économies de réserve d’où dépendait la subsistance de ses missions. Le rétablissement de cet état de compte fut le tour de force de Mgr Taché. Il parvint, au prix des journées et des nuits de plus d’un mois, à se rappeler toutes les conversations, démarches, projets, indications dont il avait pu être le confident de la part de Mgr Faraud, depuis 25 ans : tout fut sauvé !

« Jamais, dit un témoin des heures partagées entre cette tâche et les douleurs d’une maladie qui le tenaillait sans répit, jamais le successeur de Mgr Faraud n’aurait pu venir à bout de découvrir ce qui appartenait à ses missions. Mgr Taché mit le tout tellement au clair, qu’en deux heures Mgr Grouard put parfaitement se rendre compte de son vicariat… »


« Tu seras Oblat », avait dit le vénéré Fondateur !

Oblat, Mgr Taché le fut chaque jour plus que la veille.

Il le fut comme dignitaire de l’Église et chef de son diocèse, à la manière de Salomon, donnant à sa mère Bethsabée les honneurs de sa droite, sur le trône qu’il lui devait.

Oblat, il le fut comme évêque : « Bien des événements se sont succédé, écrivait-il à son Supérieur Général, bien des choses ont changé autour de moi ; une chose est demeurée inaltérable dans mon cœur, c’est mon attachement pour ma Congrégation… J’ai souffert beaucoup, mais j’ai toujours eu la même affection pour ma mère… Vous n’avez pas de fils plus dévoués que ceux des vôtres qui ont reçu la plénitude du sacerdoce. »

Pour lui, la vie religieuse, qui est « la perfection de la charité par la perfection du sacrifice », ne pouvait trouver d’épanouissement plus large que dans cette grâce plénière du sacerdoce, qui doit clouer, le pontife, sa victime, en la place même de Notre-Seigneur, sur la croix, symboliquement nue, de sa consécration épiscopale.