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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/191

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AUX GLACES POLAIRES

connaît votre état et veut que vous en soyez le premier évêque. Sa conviction est — et la mienne aussi — que Dieu fera un miracle pour vous guérir, afin que vous puissiez mener à bonne fin dans le Nord une œuvre à laquelle vous avez mis la première main, et que vous avez continuée avec tant de courage. Soumettez donc votre tête altière au joug, et ne me gardez pas de rancune, si j’ai contribué pour ma part à-votre promotion. Plus que tout autre, je suis convaincu que vous êtes l’homme choisi de Dieu pour cette œuvre. Faites taire vos appréhensions et mettez-vous sur l’autel du sacrifice. »

Les bulles de Mgr Faraud (13 mai 1862) lui conféraient le titre d’évêque d’Anemour et de vicaire apostolique d’Athabaska-Mackenzie.

La « tête altière » faillit ne pas se courber. Il se persuadait que l’on avait commis une erreur capable, de compromettre à jamais les missions du Nord. Il partit pour Saint-Boniface, décidé à secouer le joug. Mgr Taché ne réussit point à lui faire prononcer son fiat. Il ne put que je décider à se rendre à Montréal afin de consulter Mgr Bourget, dont le renom de sainteté était universel.

De Montréal, l’élu écrit à Mgr Taché :

« J’exposai naïvement et simplement mes peines, mes craintes et mes alarmes au saint Évêque, qui me dit : « Tout le monde est convaincu que vous seul, pour le moment, pouvez faire marcher les affaires dans ces difficiles missions ; n’accepteriez-vous que pour trois ou quatre ans, mon avis est que vous le devriez. » J’avoue que, sans ces paroles, jamais je n’aurais ployé la tête. Les paroles des saints ont une autorité, une onction qui opère des prodiges. »

Autant la crainte des responsabilités l’avait abattu, autant la détermination de les porter ranima Mgr Faraud : « On me veut évêque. C’est bien. Je le serai, et non pas à demi ! »

Immédiatement il fit voile pour la France, résolu à n’en point revenir avant d’avoir reçu la consécration épiscopale, d’avoir trouvé ressources et sujets pour son vicariat, et même d’avoir obtenu du Pape un auxiliaire.

Tout ce programme était rempli, lorsqu’il reprit la mer pour l’Amérique, en avril 1865, avec les Pères Génin, Tis-