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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/208

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BERCEAU D’ÉVÊQUES

s’occupait alors de béatifier le miséreux volontaire, Benoit-Joseph Labre. Louis Veuillot conserva toute sa vie cette vénération pour Mgr Grandin : « Quel bel évêque vous avez dans les glaces, disait-il a l’un des nôtres ; c’est bien lui qui fait comprendre que le froid brûle ! »


La Vie de Mgr Grandin a été écrite d’une plume de maître, en 1903, année qui suivit sa mort, par le R. P. Jonquet, O. M. I.[1]. Nous y renvoyons le lecteur, lui promettant, avec le charme d’un drame vécu, historique, les impressions qui élèvent et vivifient les âmes.

Ce que le lecteur ne trouvera point cependant, dans le livre du Père Jonquet, c’est que l’Église a entrepris de placer Mgr Grandin sur les autels. La cause de canonisation du serviteur de Dieu fut commencée en 1914.

Elle se poursuit, à Rome, de concert avec la cause du Père Albini, O. M. I., l’apôtre et le thaumaturge de la Corse[2].

  1. Mgr Grandin, Oblat de Marie Immaculée, premier évêque de Saint-Albert, par le R. P. E. Jonquet, de la même Congrégation. 1 vol. S’adresser à la Mission catholique, Saint-ALbert (Alberta), Canada.
  2. La mission montagnaise-crise de l’Île à la Crosse ne fît jamais partie du vicariat d’Athabaska-Mackenzie, comme tel. C’est pourquoi il ne pouvait entrer dans notre plan de mener son histoire au delà des années de ses commencements.

    En 1869, elle passa au diocèse de Saint-Albert ; en 1890, à celui de Prince-Albert ; en 1910, au vicariat apostolique du Keewatin.

    C’est à regret que nous disons adieu à cette mission qui fut toujours, avec ses dépendances, la chrétienté modèle du Nord. Aussi de quels missionnaires a-t-elle été la fille, jusqu’à l’heure présente ! Mgr Taché ne vivait heureux que de son souvenir.

    En 1888, Mgr Grandin rendait ce compte de sa dernière visite au « berceau apostolique » : « Je puis affirmer que quand même la Congrégation des Oblats, dans notre immense territoire du Nord-Ouest, n’aurait fait autre chose que de fonder cette mission, et de christianiser ceux qui la fréquentent, elle aurait déjà fait et assuré un très grand bien. Il y a un peu plus de quarante ans, il n’y avait pas ici de chrétiens, et les premiers Oblats venus à l’Île à la Crosse durent semer dans les larmes et dans la pauvreté ; maintenant la mission compte plus de 700 chrétiens ; la mission du Portage la Loche, qui en dépend, en compte plus de 200 ; et celle de Saint-Raphaël, près de 300. Je doute que, dans les meilleures paroisses de France, les fidèles donnent plus de consolations à leurs curés que nos chrétiens à leurs missionnaires.»

    Mgr Pascal, évêque de Prince-Albert, appelait l’Île à la Crosse « la perle de son vicariat ».

    À l’Île à la Crosse, enfin. Mgr Charlebois, vicaire apostolique du Keewatin, et dernier héritier de la perle du Nord, recueille aujourd’hui les meilleures de ses joies.