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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/213

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AUX GLACES POLAIRES

La nouvelle fut intimée à l’élu, le 3 janvier 1866, et il fut décidé qu’il serait sacré, l’année suivante, au lac la Biche, par les trois évêques du Nord-Ouest. Mais l’époque arrivée, l’on apprit que Mgr Taché et Mgr Grandin s’embarquaient pour se rendre au chapitre des Oblats.

Mgr Faraud venait d’en être averti, quand il passa au lac Athabaska, en route pour rencontrer, au lac la Biche, les Sœurs Grises, fondatrices de l’hôpital de l’Extrême-Nord :

— Nous n’attendrons plus, dit-il au Père Clut. Voilà trois ans que vous êtes évêque ! Préparez-vous. Invitez les sauvages. À la mi-juillet, au plus tard, lorsque je repasserai, avec les sœurs, je vous consacrerai.


La mi-juillet ne ramena point la caravane. Les religieuses avaient été retardées par divers contretemps dans la prairie ; et du lac la Biche au lac Athabaska les eaux étaient devenues difficiles. Chaque jour, le Père Clut et les Indiens sondaient l’horizon du lac ; mais en vain. Si bien qu’au crépuscule du mardi 13 août 1867, lorsque la barge, au drapeau déployé, fut aperçue au bout des Ilots, il ne restait sur le rivage que cinq ou six familles montagnaises, résolues à jeûner jusqu’à l’impossible, « pour voir la fête ». Tous les autres sauvages, chassés par la faim, avaient repris les bois.

Il restait une seule journée entière avant le sacre.

Mgr Clut raconte à Mgr Taché comment elle se passa :


Après avoir entendu les péripéties du long voyage des Sœurs Grises, on mit la question du jour de mon sacre aux avis. Il s’agissait de décider si on donnerait lieu à la cérémonie le 15 août (jeudi), fête de l’Assomption de notre glorieuse Mère, ou si on attendrait le dimanche suivant. D’après le pontifical, nous ne pouvions prendre que le jour d’une fête d’apôtre ou un dimanche. Cependant une raison grave nous fit nous décider pour le 15 août : la disette de vivres. Malgré mes précautions, je me trouvais dans la plus profonde pénurie pour recevoir mes hôtes nombreux, et je n’aurais pu les nourrir jusqu’au dimanche. Nous argumentâmes de la sorte : Si le Souverain Pontife a donné le pouvoir extraordinaire à Mgr Faraud de se créer un auxiliaire, il a dû lui donner les moyens d’arriver à cette fin. En écrivant au cardinal Barnabo, pour lui apprendre ma consécration, je fais connaître à Son Éminence ce qui en est, lui deman-