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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/241

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AUX GLACES POLAIRES

Tous étaient à ses pieds, le 5 septembre, pour assister à la première messe célébrée sur le versant de l’océan Glacial.

Le missionnaire travailla, jour et nuit, au milieu d’un enthousiasme pour la foi, qui ne pouvait être dépassé.

« — Voilà, disaient les mères à leurs enfants, voilà le père des Montagnais, celui qui vient de loin, pour nous rendre bons et nous enseigner la loi de Celui qui a fait la terre. »

« — Voilà notre frère, répétaient les sauvages. Depuis longtemps nous le désirions. Prends-nous en pitié, et enseigne-nous à devenir bons. »

Un midi, qu’il prenait une courte récréation avec le bourgeois de la Compagnie, un Montagnais entra brusquement dans l’appartement :

« — Que fais-tu là ? Tu parles inutilement avec ce petit chef, tandis qu’il y a un grand nombre de Montagnais qui t’attendent dans la chambre. Tu ferais mieux de les rejoindre et de les instruire. »

En cette première visite, 194 infidèles furent baptisés, et tous les polygames abandonnèrent leurs femmes illégitimes.

L’année suivante, 1848, le Père Taché retrouva ses néophytes fidèles à leurs engagements, quoique moins expansifs dans les manifestations de leur piété.


En 1849, le Père Faraud vint résider au lac Athabaska, et planta sa tente près du « marais à dessécher »[1].

Le 8 septembre 1851, il dédiait à la Très Sainte Vierge la première cabane-presbytère et la première chapelle : le tout bâti de ses mains. En mémoire de cette dédicace, la mission prit le nom de la Nativité.


À voir la prospérité actuelle de la mission de la Nativité, sa maison digne des missionnaires, son couvent assez vaste pour abriter 12 religieuses et 150 orphelins, sa joyeuse église romane, sa scierie mécanique, son bateau à vapeur, nul ne s’imaginerait les années de misère qui engendrèrent cette prospérité.

  1. Il le dessécha au prix d’un long travail de trappiste. Selon les prévisions, le petit champ qui fut trouvé au fond n’a cessé de produire tout ce que l’on peut attendre sous une telle latitude.