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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/271

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AUX GLACES POLAIRES

geurs de Caribous que pour prendre les rênes du vicariat du Mackenzie, neuf ans plus tard.

Sans perdre un jour, il s’adonna à l’étude du montagnais, sous la direction savante du Père de Chambeuil.

Le Père de Chambeuil avait occupé le poste du Fond-du-Lac, seul presque toujours, depuis le départ du Père Pascal. Il n’y avait pas moins souffert que son devancier. Il en était à sa onzième année.


R. P. de Chambeuil
Menu de taille, vif, martial, en dépit de rhumatismes dix fois repris, le Père de Chambeuil porte, à un demi-pouce au-dessus de sa moustache en crocs d’argent, la cicatrice valeureuse de ses randonnées sur le lac Athabaska. Il est peu de missionnaires — il n’en est pas — qui n’aient perdu la peau du nez à la bataille. Le Père de Chambeuil alla plus loin : il perdit une portion de narine. Il attribue à une intervention directe de la Sainte Vierge de ne s’être pas gelé à mort, dans ce voyage de 1888, où ses chiens périrent de froid. Ses mains et ses poignets avaient semblé d’abord inguérissables.

À son deuxième hiver au Fond-du-Lac, il écrivait à Mgr Clut :


J’ai souvent bien faim. C’est la seconde de mes sept douleurs, mais je n’oublie pas que Marie est ma mère, mon modèle, et que je dois être une copie.


Avec « un courage plus fort que sa santé », il poursuivit le travail du Père Pascal. Il s’attacha aux trousses de plu-