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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/409

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AUX GLACES POLAIRES



Le Père Jean Séguin (1833-1902)

Trois mots — un seul — raconteraient la vie entière du Père Séguin : cum esset justus, — il était juste.

Il fut le père des Peaux-de-Lièvres de Good-Hope, le sauveur et le nourricier de leurs âmes, comme saint Joseph le fut de Jésus. Il l’a été par la sainteté de ses 41 ans d’apostolat.

Il fut un saint. Avec les sauvages, ses enfants ; avec les Oblats du Nord, ses confrères ; avec la population d’Ennezat, près Clermont, sa paroisse natale, nous n’avons qu’à lui conserver ce titre, pour le faire connaître ; non sans protester toutefois — et que cette déclaration vaille pour tout ce livre — qu’en fils humblement soumis de la Sainte Église nous n’avons jamais eu l’intention de prévenir ses jugements infaillibles, mettant notre bonheur et notre espérance à approuver tout ce qu’Elle approuve et à réprouver tout ce qu’Elle réprouve.


Il ne s’est pas rencontré dans nos pays des neiges, croyons-nous, un ouvrier dont la carrière fut mieux remplie et aussi ignorée que la sienne. C’est qu’il s’effaçait toujours aux regards humains, comme le Juste de la Sainte-Famille, dans l’accomplissement de son devoir. C’est qu’il endura en silence ses souffrances physiques et ses peines morales — celles-ci inexprimables d’ailleurs. — Bien habile qui l’amenait à parler de lui-même, de ses épreuves, de ses succès. Cependant l’obéissance l’y contraignit quelquefois, et les industries de certains amis réussirent à surprendre sa vigilance.


Il arriva au fort Good-Hope, le 26 août 1861.

Ses premiers soins furent de radouber la maison du Père Grollier. Bien qu’il n’eût fréquenté jusque-là que ses livres de science et de piété, et qu’il ne ressentît jamais d’inclination pour le travail manuel, il lui suffisait de saisir un outil pour faire un ouvrage de maître. En peu de temps,