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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/419

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AUX GLACES POLAIRES

assuré, que conserve la tribu jusque dans sa déchéance générale, disent assez combien redoutables durent être jadis ces Peaux-Rouges. Les Esquimaux, leurs voisins, en témoignent aussi, au souvenir des dépouilles sanglantes par lesquelles ils payèrent plus d’une fois leurs propres férocités, à l’égard des Loucheux. Peu de mois avant l’arrivée du missionnaire, pour ne mentionner que ce fait, comme les chasseurs Loucheux étaient partis, les Esquimaux s’introduisirent dans leur camp, massacrèrent les femmes et les enfants et brûlèrent le village. Les chasseurs se lancèrent à la poursuite des bandits. Rencontrant un groupe d’Esquimaux à la Pointe-Séparation, ils les tuèrent et étendirent leurs cadavres éventrés le long du rivage, sous un poteau où ils écrivirent : « Que les Esquimaux qui passeront apprennent ainsi le sort qui les attend. »

Les deux races étaient encore en guerre, lorsque le Père Grollier parut au milieu d’elles, armé de la Croix. Il leur présenta le signe divin de la réconciliation ; et depuis elles vécurent en paix.


Les Loucheux se distribuent sur les deux versants des montagnes Rocheuses, le grand nombre peuplant le territoire du Youkon, les autres le bas Mackenzie.

Nous savons les douloureuses déceptions trouvées au Youkon par les missionnaires de 1862, de 1870 et de 1872[1].


Les Loucheux du bas Mackenzie, les seuls qui nous occuperont, se réunissent, pour la traite de leurs fourrures, les uns au fort Mac-Pherson, les autres à la Petite Rivière Rouge Arctique.

Le fort Mac-Pherson, situé à 430 kilomètres de navigation du fort Good-Hope, et la Rivière Rouge Arctique à 332 kilomètres, sont perdus en pleine région polaire, sous la nuit sans midi de l’hiver, et sous le jour sans minuit de l’été. L’aquilon arrive intact à ces parages ; car ni une montagne, ni une forêt ne l’a brisé, depuis l’océan Glacial.

Le fort Mac-Pherson fut longtemps le seul à grouper nos

  1. V. chap. VIII et XV.