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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/43

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AUX GLACES POLAIRES

Nancy, qu’il constitua ses secrétaires ! On s’en souvient encore dans la congrégation des Oblats de Marie Immaculée.

Le lendemain, il était prêt.

Il parla, au milieu de la sympathie croissante de l’auditoire ; mais il ne put finir. Le jour suivant, il poursuivit sa thèse, devant une salle que sa réputation faisait déjà déborder. Les libres-penseurs semblaient cloués dans leur silence, et la foule applaudissait toujours. Aucune des nombreuses célébrités de la science, venues de tous les points du globe, ne fut en état de répondre au Père Petitot. Le Comité, sentant le terrain manquer à la cause de l’impiété, voulut interrompre l’orateur, dans son troisième discours ; mais l’assistance protesta, et force fut à M. de Rosny d’enregistrer cette proposition, dûment prouvée, et désormais inattaquable :


Il est établi, par la communauté de leurs croyances, de leurs usages, de leurs coutumes, de leurs langues, de leurs armes, avec les races asiatiques et océaniennes ; par leurs souvenirs d’autres terres, dont ils décrivent les animaux inconnus aux leurs, que les Esquimaux, les Dénés et les autres Peaux-Rouges sont incontestablement d’origine asiatique.


Ce fut, pour la libre-pensée, un échec sensible.

Le Père Petitot, venu tout simplement en France pour faire imprimer ses dictionnaires Déné et Esquimau, se vit, à sa grande confusion, mis en renommée par cette victoire, ainsi que par d’autres travaux auxquels l’invita ensuite la Société de Géographie ; il fut nommé membre des Sociétés d’Anthropologie et de Philologie ; reçut une médaille d’argent, en récompense d’une carte de ses découvertes polaires, tracée de sa main, que la Société de Géographie s’engageait à faire graver à ses frais, et retourna à ses sauvages de Good-Hope, portant à la boutonnière de sa pauvre soutane le ruban violet d’officier d’Académie.

Depuis 1875, l’origine asiatique des Peaux-Rouges s’est de plus en plus confirmée. Les Dénés et les Esquimaux ne sont pas loin d’être déclarés les frères des Chinois et Japonais, tandis que les autres familles se rattacheraient plutôt aux branches tartaro-finnoises du même tronc mongolique.

La conversion des Dénés est un fait presque accompli.