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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/449

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AUX GLACES POLAIRES

regard des aimables qualités des Esquimaux ! Disons cependant que la profonde dégradation morale dont nous allons énumérer certaines manifestations ne saurait convenir à tous. Les grands vices criminels ne sont le fait que du petit nombre.


Les Esquimaux sont menteurs. S’il leur est difficile de se cacher les uns aux autres leurs méfaits, tant leurs mœurs comportent la publicité de la vie et le bavardage, ils sont capables de mystifier savamment tout étranger à leur nation. Cette adresse dans la dissimulation et la simulation est aussi d’ailleurs l’apanage commun des Peaux-rouges. Une fois l’histoire de fiction forgée, et l’accord des complices ou témoins convenu, il ne s’en départiront plus, dût-on les menacer de la mort. Calmes, imperturbables, ils maintiendront leur dire, sans vous laisser surprendre sur les traits de leur figure le secret enfoui dans leur pensée. Les assassins de nos missionnaires répétèrent, quatre années après leur crime, et sans dévier d’un mot, les mensonges qu’ils avaient concertés d’abord pour se justifier devant les Blancs. L’expédition arctique canadienne, dirigée par le docteur Anderson navigua longtemps dans les eaux fréquentées par la tribu des meurtriers ; mais elle ne put jamais obtenir, au sujet de la disparition des Pères Rouvière et Le Roux, que des histoires très habilement ourdies et déjouant toute enquête. Interrogés sur la provenance de divers objets compromettants (soutanes, calice, chasubles, bréviaires, etc.) trouvés chez eux, les natifs répondaient invariablement que les Blancs les leur avaient donnés.


Les Esquimaux sont voleurs. Vol et mensonge fraternisent, de leur nature. Les plus honnêtes indigènes résistent difficilement à la convoitise et à l’appât du lucre. Chez eux, du reste, comme chez les Spartiates, le voleur, s’il est surpris, rougira, non point de sa mauvaise action, mais de sa maladresse, et il ne sera puni que pour s’être laissé prendre.