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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/457

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AUX GLACES POLAIRES

git vers la baie d’Hudson, plus elle s’empreint du brusque stigmate de l’infécondité : le même lac, le même cours d’eau verront leur rive sud plantureusement couverte, et leur rive nord tout à fait dénudée ; dans la plaine, un sillon de charrue ne séparerait pas plus nettement la végétation de la désolation : par delà le sillon, il n’y a plus que le roc, la terre gelée, l’abondance du lichen et des mousses spongieuses, nourriture du renne et de l’ovibos.

On assure que les couches granitiques de la Terre Stérile recèlent des gisements de métaux précieux. Dans le bassin du Coppermine, le cuivre natif se trouve à fleur de sol, soit en paillettes légères, soit en blocs massifs : les Esquimaux lui donnent, en le martelant, toutes les formes utiles.

Les abords du Coppermine, les archipels du golfe du Couronnement et l’île Victoria constituent le domaine de plusieurs tribus, qui reçurent, en 1910, de l’explorateur Stéphanson, le nom de Copper Group — Groupe de Cuivre. — Leur vie s’écoule à la chasse de la baleine dans les eaux marines, du morse et du phoque sur le littoral, et du gibier qui peuple le Barren : troupeaux de rennes, renards de toutes couleurs, ours noirs, gris ou blancs, loups, ovibos (bœufs musqués), etc…


Au printemps de 1911, Mgr Breynat, ayant appris que deux cents de ces Esquimaux devaient visiter les Indiens Peaux-de-Lièvres et Plats-Côtés-de-Chiens du Grand Lac de l’Ours[1], décida de mettre aussitôt à exécution le projet d’évangélisation qu’il avait tarit à cœur.

Son choix se porta sur le Père Jean-Baptiste Rouvière, enfant du diocèse de Mende, âgé de 30 ans, et doué de toutes les qualités dont Dieu se plaît à munir ses grands ouvriers apostoliques. Un séjour de quatre années consécutives à la mission de Good-Hope avait rompu à la vie de l’Extrême-Nord ce Cévenol ardent et robuste. La connaissance approfondie qu’il y avait acquise de la langue Peau-de-Lièvre devait l’aider à lui faire trouver, parmi les sauvages du Grand Lac de l’Ours, des interprètes pour ses premiers rapports avec les Esquimaux.

  1. Voir chap. XV (Mission Sainte-Thérèse).