point refuser ce que l’on vous demande, les missionnaires ne pouvaient tolérer ce dernier larcin : se risquer sans fusil dans ces pays, c’est, pour un blanc, se condamner à mourir de faim. L’arme fut donc reprise par son propriétaire. Ce que voyant, Kormick entra en colère et se rua sur le Père Le Roux pour le tuer. Mais un brave vieillard, Koha, saisissant l’agresseur à bras-le-corps, le maîtrisa.
Koha, prenant à part les missionnaires, leur représenta alors que leur vie était en danger :
« — Kormick et ses gens, leur dit-il, vous feront un mauvais
Kohaparti. Vous devriez retourner
tout de suite à votre
cabane du lac Imerenick. Vous
reviendriez l’année prochaine,
en meilleure compagnie. »
Il les aida à appareiller leur équipage, qui consistait en un traîneau et quatre chiens. Puis, il les accompagna durant une demi-journée, autant pour les défendre d’autres attaques possibles que pour les placer dans la bonne direction. Il s’attela même au traîneau avec les chiens. Lorsqu’ils eurent remonté le fleuve jusqu’au chemin qui s’engage dans le Barren-Land, il leur dit :
« — Il n’y a pas d’arbres ici. Continuez d’avancer aussi loin que vous le pourrez. Après cela vous n’éprouverez plus autant de difficulté. Je vous aime et je ne veux pas qu’on vous fasse de mal. »
Et, sur une cordiale poignée de main, ils se séparèrent.
Quatre nuits devaient encore rester aux missionnaires. Comment passèrent-ils les trois premières ? Nous ne l’apprendrons jamais. Ils durent souffrir beaucoup ; car il faisait très froid, et ils n’avaient ni tente pour s’abriter, ni bois pour se chauffer.
C’est pendant la seconde de ces nuits que Sinnisiak et Oulouksak quittèrent à la dérobée la tribu endormie, et se