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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/71

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une ligne assez longue. Le conducteur n’a pas besoin de rênes, qui, d’ailleurs, empêtreraient horriblement ses petits coursiers. On leur apprend à obéir à la parole : hu et dia pour aller à droite et à gauche, ho pour l’arrêt, marche pour le départ ou pour exciter les paresseux.[1] Souvent, pourtant, il faut jouer du fouet, car il est difficile que des chiens soient toujours aussi dociles et aussi courageux que l’exigent leurs maîtres.

« Voilà donc comment se compose un attelage dans ce pays. Vous placez vos chiens dans leur harnais, à la queue l’un de l’autre, et vous attachez les derniers traits aux tires du traîneau. Celui-ci repose à plat sur la neige, et glisse sur toute sa surface. On y met des charges plus ou moins pesantes, retenues par des enveloppes de peau ou de toile, que de fortes lanières de cuir enlacent de nombreux replis.

« Le poids ordinaire du chargement est de 400 livres pour quatre chiens ; seulement l’état des chemins doit être pris en considération… »

Ces derniers mots : l’état des chemins doit être pris en considération en rappellent plus long qu’on n’en pourra jamais écrire à ceux qui eurent à se risquer eux-mêmes, avec leurs traîneaux et leurs chiens, dans l’inconnu des chemins, gardés par l’hiver arctique !…


Les meilleurs chemins du Nord sont les sentiers étroits et tortueux, tracés par les sauvages, ou par les rennes, à travers les bois. Ils mesurent la largeur du traîneau ; ou plutôt c’est le traîneau qui s’accommode à leur largeur. La course ira bien sur les sentiers fréquemment battus. Mais, loin des forts-de-traite, où ne circulent que de rares chasseurs, la neige a vite fait de tout remblayer, « et, écrit Mgr Charlebois, vicaire apostolique du Keewatin, comme on ne trouve plus aucun indice extérieur, il faut marcher en sondant la neige, de manière à découvrir, au fond, l’endroit durci par le passage des traîneaux. C’est une tâche difficile et qui demande beaucoup d’habileté. »

  1. Il est curieux de constater que tous ceux qui se servent de chiens ne leur parlent que français. Et ces mots sont quelquefois les seuls que les Anglais et les Indiens connaissent de notre langue. Nouvelle trace évidente des coureurs-des-bois français.