Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/37

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étoit bien fort. Zirphile devenoit tous les jours la plus belle & la plus sote enfant qu’on pût voir. Elle rêvoit au lieu de penser, & n’ouvroit la bouche que pour dire une sotise. Quoique les hommes ne soient pas bien difficiles sur les propos d’une jolie femme, & trouvent toujours qu’elle parle comme un ange, ils ne pouvoient la louer que sur sa beauté, la pauvre enfant toute honteuse recevoit leurs éloges comme une grace, & leur répondoit qu’ils lui faisoient bien de l’honneur. Ce n’étoit pourtant pas ce qu’ils vouloient, ils rioient de ses naïvetés, & cherchoient à séduire son innocence.

Il faut un peu connoître le vice pour en redouter les piéges. Zirphile étoit la candeur même, & la candeur n’est point du tout la sauvegarde de la vertu, mais Ninette veilloit attentivement sur sa chere pupile. Elle la mit