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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/77

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Amine charmée d’un si heureux début, prit le vase, & l’enlevoit déjà, lorsque Zobéïde voulut y porter la main. Il en sortit tout à coup une épaisse fumée qui remplit la chambre. Un bruit affreux se fit entendre. La frayeur saisit Amine ; elle laissa retomber le vase sur la table où elle venoit de le prendre ; & le Génie parut à l’instant avec Harpagine. Ils se saisirent d’Amine & de Zobéïde, & ne leur firent grâce de la vie, que pour les enfermer dans une tour ténébreuse.

Ninette fut bien-tôt instruite, suivant sa coûtume, du mauvais succès de l’entreprise ; elle en chercha la raison, & apprit à toute la cour qu’Amine étoit aussi sage que coquette ; au lieu que Zobéïde goûtoit les plaisirs de l’amour avec un amant obscur, dans le tems qu’elle fatiguoit tout le monde par l’étalage de sa fausse vertu.