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Page:Dujardin - Les Premiers Poètes du vers libre, 1922.djvu/65

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les premiers poètes du vers libre

sons qui prouvent que si Kahn et Laforgue ont pu « coopérer » dans l’élaboration de la nouvelle formule, ils n’ont pu avoir l’un sur l’autre qu’une influence assez extérieure. Il est trop évident que ce n’est pas par leur force et leur beauté rythmique que les vers libres de Laforgue ont conquis nos cœurs. Les questions de rythme qui me passionnaient n’étaient pas celles qui le préoccupaient davantage, et, si le souvenir de nos conversations de Berlin est un peu vague, une lettre de Houston Stewart Chamberlain (sur laquelle je reviendrai tout à l’heure) est là pour préciser que, tandis que je parlais expression musicale, Laforgue répondait expression psychologique.

Quelle avait été l’influence de Walt Whitman, dont il allait publier une traduction l’été suivant ? Je dois dire que je n’ai aucun souvenir qu’il m’ait parlé du poète américain au cours de nos conversations de Berlin, et je n’ai rien trouvé davantage dans sa correspondance.



moréas


J’attends des lumières. Moréas avait publié, en 1884, les Syrtes, qui sont écrites en vers très libérés, puis, en 1886, les Cantilènes, plus libérées encore ; nous l’avons vu donner à la Vogue, surtout