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Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/149

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eux prodiguaient des marques de respect et d’empressement au troisième qui s’avançait le front haut, l’œil mauvais, et la voix cassante.

— Est-ce ainsi qu’on reçoit le comte von Keller, fit-il, devant le perron ? J’exige que les châtelains me fassent les honneurs.

Un officier fouilla rapidement les salons et découvrit madame de l’Écluse, pâle et vêtue de noir, sur une causeuse.

— Venez ! ordonna-t-il. Le Commandant attend.

Cette brute avait un accent si impératif qu’elle se leva et obéit sans résistance. Elle se trouva ainsi, debout, sur le seuil de sa porte, aveuglée autant par les larmes que par les rayons du soleil.

— Décidément, ces Français n’ont aucune noblesse. Sachez, Madame, que lorsque von Keller paraît à la cour, le chambellan le précède de vingt pas. Je vous prie de me souhaiter la bienvenue !

Les mots d’impertinence ne la blessaient point, parce que le timbre qui les prononçait la préoccupait étrangement. Où l’avait-elle entendu ?… Il lui était familier !… Au lieu de s’indigner, elle fit un pas, et, du bras, esquissa un mouvement qui pouvait à la rigueur signifier :

— Entrez !

Puis elle attendit que les officiers gravissent le perron. Les éperons d’argent de leurs bottes molles tintèrent à chaque marche, et le comman-