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Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/191

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— C’est peut-être vrai !… Mais quelle tristesse pour mes cheveux blancs.

Quatre jours plus tard, la jeune fille donnait le jour à une robuste poupée blonde que la grand’mère déclara merveilleuse. Tout en se multipliant au chevet des deux délivrées, elle marquait une préférence à l’enfant de son enfant. La nature se riait une fois de plus des haines humaines : le lien animal qui soudait l’aïeule à la petite fille triomphait.

Quand les relevailles s’accomplirent, juillet dardait ses rayons, et les foins coupés embaumaient à la ronde. La maîtresse et la soubrette mirent leurs babys dans une voiturette, et, sous la fraîcheur des bosquets de troënes, elles guettèrent le premier regard des intrus. Avec le premier rayon visuel glissa le premier sourire ; dès lors, toute l’horreur passée se noya dans l’éternelle et profonde tendresse maternelle.

Un jour d’août, le docteur surprit ses clientes en plein jeu de hochets ; elles tentaient, par des rires, d’activiter, de fixer l’attention qui dort dans les yeux des tout petits. Il les plaisanta. Confuses, elles redevinrent graves.

— Voulez-vous bien continuer, dit-il ; attisez… attisez le feu divin de la Vie. Qu’il est beau ! et quelles vestales saintes forment les mères ! Regardez-la. Elle est tout au fond de ces prunelles encore troubles, la Vie ! Elle a tout juste la force d’une flamme de veilleuse, et pourtant, elle doit illuminer