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Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/77

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— Pourquoi tuer ? fit plaintivement une femme enceinte.

— Parce que le sang est la Houille Rouge des civilisations, Brahma l’a dit. Pour se matérialiser, l’âme ne peut se passer de sang ; celui de la mère est l’hydromel de l’être qui s’incarne. Les peuples grandissent dans des bains de pourpre. L’histoire ne retient que le nom des grands bourreaux. Les civilisations malades se guérissent même parfois en raison directe des saignées qu’elles peuvent supporter.

— Mais puisque le sang est une matière si précieuse pour les âmes, pourquoi le répandre en des combats inhumains ?

— Dites plutôt surhumains. Je vous l’ai expliqué dans la formule géométrique de l’Être ; les corps suivent la ligne que leur trace l’esprit et le « point critique » de l’idéal est le sang. Mais nous n’en sommes pas là ; revenons à l’étude du ciel et vérifions l’horoscope de Madame Destange. Il était, je crois, sur la date de nativité de son fils cadet.

L’ancienne cliente de Rhœa s’avança tranquillement vers le tableau noir ; et, — pendant un quart d’heure, — on n’entendit que les mots : Vénus, Mercure, Mars couronné, Décan, etc., etc. De temps en temps, une voix se pâmait :

— C’est inouï !…

Quand la démonstration cabalistique fut achevée, le brahmane indiqua d’un signe que le cours était