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ASCANIO.

son bras, l’y assujettit comme un bélier dans sa machine, et revint vers son général.

Cependant la foule commençait à s’amasser, et Benvenuto, excité par elle, allait donner l’ordre de commencer l’attaque, lorsque le capitaine des archers du roi, prévenu sans doute par quelque bourgeois conservateur, parut à l’angle de la rue, accompagné de cinq ou six de ses gens à cheval. Ce capitaine était un ami du prévôt, et quoiqu’il sût parfaitement de quoi il s’agissait, il s’approcha de Benvenuto Cellini, espérant l’intimider sans doute, et tandis que ses gens barraient la route à Hermann :

— Que demandez-vous, dit-il, et pourquoi troublez-vous ainsi la tranquillité de la ville ?

— Celui qui trouble véritablement la tranquillité, répondit Cellini, est celui qui refuse d’obéir aux ordres du roi et non pas celui qui les exécute.

— Que voulez-vous dire ? demanda le capitaine.

— Je veux dire que voilà une ordonnance de Sa Majesté en bonne et due forme délivrée par M. de Neufville, secrétaire de ses finances, laquelle me fait don de l’hôtel du Grand-Nesle. Mais les gens qui y sont enfermés refusent de reconnaître cette ordonnance, et par conséquent me dénient mon bien. Or, d’une façon ou de l’autre, j’ai mis dans ma tête que puisque l’Écriture dit qu’il faut rendre à César ce qui appartient à César, Benvenuto Cellini a le droit de reprendre ce qui appartient à Benvenuto Cellini.

— Eh ! au contraire de nous empêcher de conquérir notre hôtel, vous devriez nous prêter main-forte, cria Pagolo.

— Tais-toi, drôle, dit Benvenuto frappant du pied, je n’ai besoin de l’aide de personne, entends-tu ?