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ASCANIO.

— Eh bien ! quand nous serons sur le mur, nous tirerons l’échelle à nous, et nous descendrons avec l’échelle.

— Sans doute. Il n’y a qu’une difficulté à cela, c’est que le mur a vingt-cinq pieds de haut et que l’échelle n’en a que douze.

— Prévu, dit Ascanio en dévidant la corde qu’il avait enroulée autour de son corps : il l’attacha ensuite par un bout au tronc de l’arbre, et il jeta l’autre bout par dessus le mur.

— Oh ! grand homme, je te comprends, s’écria Jacques Aubry, et je suis heureux et fier de me casser le cou avec toi.

— Eh bien ! que faites-vous ?

— Je passe, dit Aubry s’apprêtant à franchir l’intervalle qui le séparait du mur.

— Non pas, reprit Ascanio, c’est à moi de passer le premier.

— Au doigt mouillé ! dit Aubry présentant sa main à son compagnon avec deux doigts ouverts et trois doigts fermés.

— Soit, dit Ascanio, et il toucha un des deux doigts de l’écolier.

— Tu as gagné, dit Aubry. Passe, mais du sang-froid, du calme, entends-tu ?

— Soyez tranquille, reprit Ascanio.

Et il commença à s’avancer sur le pont volant, que Jacques Aubry maintenait en équilibre en pesant sur l’une de ses extrémités : l’échelle était frêle, mais le hardi jeune homme était léger. L’écolier, respirant à peine, crut voir Ascanio fléchir un instant. Mais celui-ci fit en courant les quatre pas qui le séparaient du mur et y arriva sain et sauf. Là encore il courait un danger énorme si quelqu’un des assiégés l’apercevait ; mais il ne s’était pas trompé dans ses