Quand le prévôt se vit définitivement battu, quand il apprit que l’atelier de Benvenuto, ouvriers et outils, était décidément installé au Grand-Nesle, sa rage le reprit, et il se mit à mâcher et à remâcher une vengeance. Il était au plus tort de ses dispositions rancunières quand le vicomte de Marmagne le surprit le matin même du troisième jour, c’est-à-dire le mercredi. Marmagne n’avait garde de se refuser le triomphe de vanité qu’on aime à remporter sur les douleurs et les défaites de ses amis quand on est un lâche et un sot.
— Eh bien ! dit-il en abordant d’Estourville, je vous l’avais bien dit, mon cher prévôt.
— Ah ! c’est vous, vicomte. Bonjour, répondit d’Estourville.
— Eh bien ! avais-je raison, maintenant ?
— Hélas ! oui. Vous allez bien ?
— Je n’ai rien à me reprocher du moins dans cette maudite affaire : je vous ai assez averti.
— Est-ce que le roi est de retour au Louvre ?
— Chanson ! disiez-vous : un ouvrier, un homme de rien, il ferait beau voir ! Vous avez vu, mon pauvre ami.
— Je vous demande si Sa Majesté est revenue de Fontainebleau.
— Oui, et elle a regretté vivement de n’avoir pas été arrivée à Paris dimanche, pour assister d’une de ses tours du Louvre à la victoire de son argentier sur son prévôt.
— Qu’est-ce qu’on dit à la cour ?
— Mais on dit que vous avez été complètement repoussé !
— Hum ! hum ! fit le prévôt, que ce dialogue à bâtons rompus commençait à impatienter fort.