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ASCANIO.

n’ai pas cru avoir besoin de votre autorisation pour permettre de venir prendre l’air sous ces ombrages à un pauvre blessé qui a été frappé pour votre père. Vous savez qu’il n’y a pas d’ombre au Grand-Nesle, et le chirurgien ne répondait de la vie de ce jeune homme que s’il pouvait se promener une heure tous les jours.

Pendant qu’elle débitait ce pieux mais gros mensonge, Colombe avait de loin jeté les yeux sur Ascanio, et une vive rougeur avait subitement coloré ses joues. Pour l’apprenti, en présence de Colombe qui s’avançait, il n’avait trouvé la force que de se lever.

— Ce n’est pas mon autorisation, dame Perrine, qui était nécessaire, dit enfin la jeune fille, c’était celle de mon père.

En disant cela avec tristesse mais avec fermeté, Colombe était arrivée jusqu’au banc de pierre où était assis Ascanio. Celui-ci l’entendit et joignant les mains :

— Pardon, madame, dit-il, je croyais… j’espérais… que votre bonne grâce avait ratifié l’offre obligeante de dame Perrine ; mais du moment qu’il n’en est pas ainsi, continua-t-il avec une douceur mêlée de fierté, je vous supplie d’excuser ma hardiesse involontaire et je me retire.

— Mais ce n’est pas moi, reprit vivement Colombe émue. Je ne suis pas maîtresse. Restez pour aujourd’hui du moins, quand même la défense de mon père s’étendrait à celui qui l’a sauvé ; restez, monsieur, ne fût-ce que pour accepter mes remercîmens.

— Oh ! madame, murmura Ascanio, c’est moi qui vous remercie du fond de mon cœur. Mais en restant ne vais je pas troubler votre promenade ? D’ailleurs la place que j’ai prise est mal choisie.

— Nullement, reprit Colombe en s’asseyant machinale-