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ASCANIO.

et nous contenter, nous, du Grand-Nesle, avec ses cours, ses préaux, ses jeux de boule et son jeu de paume.

— Il y a un jeu de paume ?

— Plus beau que celui de Santa-Croce à Florence.

— Per Bacco ! c’est mon jeu favori : tu le sais, Ascanio.

— Oui ; et puis, maître, outre cela, un emplacement superbe : de l’air partout ; et quel air ! l’air de la campagne ; ce n’est pas comme dans cet affreux coin où nous moisissons et où le soleil nous oublie ; là le Pré-aux-Clercs d’un côté, la Seine de l’autre, et le roi, votre grand roi, à deux pas, dans son Louvre.

— Mais à qui est ce diable d’hôtel ?

— À qui ? Pardieu ! au roi.

— Au roi !… Répète cette parole, mon enfant : — l’hôtel de Nesle est au roi !

— En personne ; maintenant, reste à savoir s’il consentira à vous donner un logement si magnifique.

— Qui, le roi ? Comment s’appelle-t-il, Ascanio ?

— Mais, François 1er, que je pense.

— Ce qui veut dire que dans huit jours l’hôtel de Nesle sera ma propriété.

— Mais le prévôt de Paris se fâchera peut-être.

— Que m’importe !

— Et s’il ne veut pas lâcher ce qu’il tient ?

— S’il ne veut pas !

— Comment m’appelle-t-on, Ascanio ?

— On vous appelle Benvenuto Cellini, maître.

— Ce qui veut dire que s’il ne veut pas faire les choses de bonne volonté, ce digne prévôt, eh bien ! on les lui fait faire de force. Sur ce, allons nous coucher. Demain nous repar-