Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
ASCANIO.

ces du gouverneur qu’en vantant son cuisinier et en exaltant ses vins.

Après le dîner, tous ses compatriotes, tous ses amis les plus chers, tous ses apprentis conduits par Ascanio, vinrent le supplier de ne pas courir à sa ruine en tenant tête à Clément VII ; mais Benvenuto Cellini répondit que depuis longtemps il désirait constater cette grande vérité, qu’un orfèvre pouvait être plus entêté qu’un pape ; qu’en conséquence, comme l’occasion s’en présentait aussi belle qu’il la pouvait désirer, il ne la laisserait point échapper de peur qu’elle ne se présentât plus.

Ses compatriotes se retirèrent en haussant les épaules, ses amis en déclarant qu’il était fou, et Ascanio en pleurant.

Heureusement Pompeo n’oubliait pas Cellini, et pendant ce temps il disait au pape :

— Très saint-père, laissez faire votre serviteur, je vais envoyer dire à cet entêté que, puisqu’il le veut absolument, il ait à faire remettre chez moi les cinq cents écus, et comme c’est un gaspilleur et un dépensier qui n’aura pas celle somme à sa disposition, il sera bien forcé de me remettre le calice.

Clément VII trouva le moyen excellent, et répondit à Pompeo d’agir comme il l’entendrait. En conséquence, le même soir, et comme on allait conduire Benvenuto Cellini à la chambre qui lui était destinée, un cameriere se présenta disant à l’orfèvre que Sa Sainteté acceptait son ultimatum et désirait avoir à l’instant même les cinq cents écus ou le calice.

Benvenuto répondit qu’on n’avait qu’à le ramener à sa boutique et qu’il donnerait les cinq cents écus.