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ASCANIO.

sonne à laquelle il s’adressa lui montra-t-elle le chemin qu’il avait pris, et, comme un limier remis en voie, Benvenuto se lança sur sa trace.

Pompeo s’était arrêté à la porte d’un pharmacien, au coin de la Chiavica, et il racontait au digne apothicaire les prouesses auxquelles il venait de se livrer à l’endroit de Benvenuto Cellini, lorsque tout à coup il vit apparaître celui-ci à l’angle de la rue, l’œil ardent et la sueur sur le front.

Benvenuto jeta un cri de joie en l’apercevant, et Pompeo coupa court au milieu de sa phrase.

Il était évident qu’il allait se passer quelque chose de terrible.

Les bravis se rangèrent autour de Pompeo et tirèrent leurs épées.

C’était quelque chose d’insensé à un homme que d’attaquer treize hommes, mais Benvenuto était, comme nous l’avons dit, une de ces natures léonines qui ne comptent pas leurs ennemis, il tira, contre ces treize épées qui le menaçaient, un petit poignard aigu qu’il portait toujours à sa ceinture, s’élança au milieu de cette troupe, ramassant avec un de ses bras deux ou trois épées, renversant de l’autre un ou deux hommes, si bien qu’il arriva du coup jusqu’à Pompeo, qu’il saisit au collet : mais aussitôt le groupe se referma sur lui.

Alors on ne vit plus rien qu’une mêlée confuse de laquelle sortaient des cris, et au dessus de laquelle s’agitaient des épées. Pendant un instant ce groupe vivant roula par terre, informe et désordonné, puis un homme se releva en jetant un cri de victoire, et d’un violent effort, comme il était entré dans le groupe il en sortit, tout sanglant lui-