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ASCANIO.

des Phidias et des Apelles, les beautés du jour, ces reines de la forme, étaient venues d’elles-mêmes poser devant l’artiste, Benvenuto eût trouvé dans la cour même ce qu’il cherchait ; il y avait là tout un Olympe dans la fleur de l’âge : c’était Catherine de Médicis, qui n’avait alors que vingt et un ans ; c’était Marguerite de Valois, reine de Navarre, qu’on appelait la Quatrième Grâce et la Dixième Muse ; c’était enfin madame la duchesse d’Étampes, que nous verrons reparaître largement dans le courant de cette histoire, et que l’on nommait la plus belle des savantes et la plus savante des belles. Il y avait là plus qu’il n’en fallait à l’artiste ; mais, nous l’avons dit, on n’en était plus à l’époque des Apelles et des Phidias.

Benvenuto devait chercher autre part.

Ce fut donc avec grand plaisir qu’il apprit que la cour allait partir pour Paris ; malheureusement, comme le dit Benvenuto lui-même, la cour à cette époque voyageait comme un enterrement. Précédée de douze à quinze mille chevaux, s’arrêtant dans un endroit où il y avait à peine deux ou trois maisons, perdant quatre heures chaque soir à dresser ses tentes et quatre heures chaque matin à les enlever, de sorte que, quoique seize lieues à peine séparassent la résidence de la capitale, on mit cinq jours à aller de Fontainebleau à Paris.

Vingt fois pendant la route Benvenuto Cellini avait été tenté de prendre les devans, mais chaque fois le cardinal de Ferrare l’avait retenu, lui disant que si le roi était une journée sans le voir, il demanderait certainement ce qu’il était devenu, et qu’en apprenant qu’il était parti, il regarderait ce départ sans congé comme un manque de procédés à son égard. Benvenuto rongeait donc son frein et pen-