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ASCANIO.

il allait lui demander quelle cause ramenait, elle alla à lui, tomba à genoux, et lui demanda s’il n’avait pas besoin d’une servante.

Benvenuto avait un cœur artiste, c’est-à dire apte à tout sentir ; il devina ce qui s’était passé dans celui de la pauvre enfant, il la releva et lui donna un baiser au front.

De ce moment Catherine fit partie de l’atelier, qu’elle égayait, comme nous l’avons dit, de sa joie enfantine, et qu’elle animait de son éternel mouvement. Aussi était-elle devenue presque indispensable à tout le monde, et à Benvenuto bien plus encore qu’à tout autre. C’était elle qui faisait tout, qui ordonnait tout, grondant et caressant Ruperte, qui avait commencé à la voir entrer avec effroi, et qui avait fini par l’aimer comme tout le monde.

L’Érigone n’avait point perdu à cela. Benvenuto ayant désormais son modèle sous la main, l’avait retouchée et finie avec un soin qu’il n’avait peut-être mis encore à aucune de ses statues ; puis il l’avait portée au roi François Ier, qui en avait été émerveillé, et qui avait commandé à Benvenuto de la lui exécuter en argent ; puis il avait longuement causé avec l’orfèvre, lui avait demandé comment il se trouvait dans son atelier, où cet atelier était situé, et si cet atelier renfermait de belles choses ; après quoi il avait congédié Benvenuto Cellini en se promettant d’aller le surprendre chez lui un matin, mais sans lui rien dire de cette intention.

C’est ainsi qu’on était arrivé au moment où s’ouvre cette histoire, Benvenuto travaillant, Catherine chantant, Ascanio rêvant, et Pagolo priant.

Le lendemain du jour où Ascanio é’ait rentré si tard, grâce à son excursion à l’entour de l’hôtel de Nesle, on