Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/145

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S’il opposait soudain aux jours d’adolescence
Les jours plus éloignés et plus purs de l’enfance,
Qui s’envolaient exempts d’amertume et de fiel,
Sur une même terre et sous un même ciel !
S’il jetait au-devant de ta haine fatale
Ces souvenirs puissants de la terre natale,
Où chaque jour se lève et plus pur et plus beau,
Où le sol qui le couvre est léger au tombeau ?
S’il te prouvait qu’il peut, par une adroite fuite,
Des bourreaux, sans te perdre, éviter la poursuite,
Et dans un coin du monde, ignoré pour toujours,
Aller mourir au lieu qui vit ses premiers jours ?
S’il offrait à ton cœur, dans sa douleur amère,
Son rêve de vieillesse et les pleurs de sa mère ;
Cédant à la pitié, lorsque tu le verrais
Tomber à tes genoux ?…

(Il se jette aux pieds de Monaldeschi.)
MONALDESCHI, portant la main à son poignard.

Tomber à tes genoux ?… Je l’y poignarderais.

SENTINELLI, se relevant.

Au nom de notre reine indignement trompée,
Jean de Monaldeschi, rendez-moi votre épée.

(Les deux gardes arrêtent Monaldeschi.)

À cet homme, accusé de haute trahison,
Je veux bien accorder sa chambre pour prison.
Veillez sur lui, tandis que son trépas s’apprête ;
Allez, chacun de vous m’en répond sur sa tête.

(Les deux gardes entraînent Monaldeschi d’un côté, et Sentinelli sort de l’autre. Paula parait au fond.)


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