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droit, et vous, comme si vous ne parliez que pour moi seul, haussant la voix et me faisant connaître quelle espèce d’avantage sir Richard trouverait à quitter le parti qu’il a embrassé. Si ces offres ne paraissent pas à sir Richard en harmonie avec le sacrifice, il se retire, me fait un signe de tête : ses commettants n’ont pas même à lui reprocher une entrevue avec un défenseur du pouvoir… Si, au contraire, les offres lui agréent, un autre signe de tête suffit ; tout se prépare dans le silence ; et lorsqu’il est compromis enfin, il tient déjà, de manière à ce qu’on ne puisse le lui reprendre, le dédommagement de ce qu’il a perdu.

LE MARQUIS.

Cela est faisable.

TOMPSON.

Plutôt aujourd’hui que demain.

LE MARQUIS.

Il faut que le moyen trouvé par vous soit mis en œuvre aujourd’hui même.

TOMPSON.

Où ?

LE MARQUIS, ouvrant la porte d’un cabinet.

Ce cabinet sera-t-il favorable ?

TOMPSON.

Une simple cloison sépare…

LE MARQUIS.

Il entendra tout.

TOMPSON.

Et vous offrirez tout.

LE MARQUIS.

Oui.

TOMPSON.

Pas un mot qui puisse faire croire que vous connaissez sa présence ?

LE MARQUIS.

Je serai sur mes gardes.

TOMPSON.

Permettez que j’appelle l’huissier…

LE MARQUIS.

Faites.

TOMPSON, écrivant quelques lignes au crayon.

Allez remettre ce billet à sir Richard.

LE MARQUIS.

Il va venir ?

TOMPSON.

Dans un instant.

LE MARQUIS.

Monsieur Tompson, il y a dans ce portefeuille 1000 livres sterling, en échange d’une bonne nouvelle ; j’aurai l’honneur de vous en offrir un second qui en contiendra huit mille.

TOMPSON.

Monsieur le marquis, mes intérêts sont trop liés avec ceux de sir Richard pour que je n’emploie pas toute l’influence que j’ai sur lui à le déterminer.

(Le marquis Da Sylva sort.)


Scène III.

TOMPSON, seul.

Depuis trois ans, tout a été fait pour la gloire, pour la vanité de Richard. Aujourd’hui va commencer ma récompense. — (Il va aux rideaux qu’il entr’ouvre.) L’huissier remet mon billet… il le lit… il vient… — (Revenant en scène.) Maître, tu peux venir… Il débute dans l’accomplissement de ses promesses, le serviteur qui s’est donné à toi pour recueillir les miettes de ta fortune.


Scène IV.

RICHARD, TOMPSON.
TOMPSON.

Je vous ai fait demander.

RICHARD.

Pourquoi ? quelque message de ma femme, sans doute ?

TOMPSON.

Comment ?

RICHARD.

En venant ici, j’ai cru voir, au bout de la galerie, la figure de Mawbray.

TOMPSON.

Je crois que vous vous êtes trompé.

RICHARD.

Eh bien ! alors, que me veux-tu ?

TOMPSON.

Une démarche du ministère.

RICHARD.

Ah ! les superbes s’humilient !

TOMPSON.

Ils sont à vos pieds.

RICHARD.

Il est trop tard.

TOMPSON.

Comment cela ?

RICHARD.

Demain le bill sera refusé.

TOMPSON.

Eh bien !

RICHARD.

Après-demain le ministère tombe.

TOMPSON.

Que vous en reviendra-t-il ?